La disparition de Josef Mengele est un livre passionnant, sans conteste, pour qui s'intéresse, même modestement, à l'Histoire.
On y suit les péripéties de ce tortionnaire sans âme à travers la bienveillante Amérique latine d'après-guerre, prête à s'allier à un régime sanguinaire et innommable pour servir ses intérêts contre les Etats-Unis.
L'indécence du train de vie de ces dignitaires nazis en déroute dans l'Argentine péroniste vrille les tripes. La complaisance des politiques écœure, et l'Histoire a pour mérite de rappeler sa constance, de quelque bord qu'on se situe.
Mengele était un tortionnaire des plus sauvages: froid, atrophié émotionnellement et parfaitement étranger à la notion d'altérité. Les horreurs qu'il a commises sont au delà de l'imagination.
L'ouvrage de'Olivier Guez a le mérite de le ramener à sa basse humanité, un petit homme fuyant, égocentré et prétentieux, geignard, et pour tout dire un peu pathétique.
Il ne sera pourtant jamais retrouvé que mort, après 35 ans d'exil forcé.
35 années pendant lesquelles il aura reçu en tout impunité le soutien financier et logistique de sa famille, restée en Autriche.
Sur la forme, l'écriture d'Olivier Guez est fluide et plutôt agréable, même si on n'a pas affaire à un objet de littérature comme L'ordre du jour de Vuillard, sorti cette même année et s'intéressant à l'Anschluss.
Avant ses remerciements, Olivier Guez justifie la forme romanesque de son livre, qualificatif dont on peut s'étonner à sa lecture, par les libertés prises dans la narration, notamment dans l’évocation des ressentis de Mengele. Pour autant l'ouvrage est extrêmement documenté, précis et méticuleux, si bien que le romanesque n'apparaît effectivement que subsidiaire au document, et en ceci pourrait décevoir les âmes les plus chagrines.