Ils sont nombreux les lecteurs inconsolables depuis que Henning Mankell a décidé de mettre fin aux aventures du commissaire Wallander, désormais évanoui dans un épais brouillard. Est-ce pour se faire pardonner que le romancier suédois a décidé d'offrir une sorte de prequel aux aventures du policier cher à notre coeur ? Ou un simple coup de marketing éditorial capitalisant sur la frustration des fans ? On va dire un peu des deux et on n'en parlera plus. La faille souterraine est composée de cinq enquêtes, menées par Wallander entre 20 et 40 ans, qui sont autant de petites nouvelles policières dont la longueur et l'intérêt sont fort inégaux. Soyons honnête, l'aspect "polardeux" n'est pas, euh, polarisant, leur originalité et leur degré de suspense n'atteignant pas des sommets. En revanche, on y voit, au fil des années, comment le caractère de Wallander évolue, vers le pessimisme et une certaine aigreur. Parce que la société suédoise change et que toutes les formes de criminalité y prospèrent de plus en plus. Parce que sa vie privée et sentimentale ressemble à un naufrage annoncé, avec un divorce et des relations très compliquées avec son père. En fin de compte, notre commissaire apparait bien moins sympathique et touchant qu'il ne sera dans l'avenir. Sa mélancolie et sa tristesse sont encore en formation, la maladie de son mentor et ami Rydberg, sa mort programmée, sonneront comme le tocsin de ses dernières espérances. Ceci étant dit, La faille souterraine est véritablement à réserver aux aficionados absolus du héros de Mankell, ceux qui n'ont pas raté une seule de ses aventures.