Comme l'indique le titre du livre, le bonhomme a faim. En effet, le livre suit les aventure d'un écrivain un peu fou et désargenté qui traîne sa misère dans les rues d'Oslo (encore nommée à l'époque Christiana). On ne sait trop si la folie du héros précède "la faim", (et en est éventuellement la cause), ou si elle en est la conséquence, mais les deux évoluent de paire tout au long du roman.
C'est le premier roman norvégien que je lis, et j'y trouve un petit accent de roman russe avec un personnage principal singulier, menteur et fier, généreux et fou, connaissant de épisodes d'espoir insensé et d'autre de profond désespoir... il se passe tant de chose dans son esprit que l'on est vite emporté dans un tourbillon de pensées parfois extrêmement lucides, parfois insensées et la nervosité du narrateur nous atteint.
Nous suivons donc les pérégrinations du narrateur, écrivain anonyme affamé et souvent sans domicile, souvent trop fier pour demander l'aumône, donnant lui même parfois de l'argent aux autres pour cacher sa misère, mais aussi capable de mauvaises plaisanteries dans des accès de semi-folie. À mesure que le roman avance, nous suivons sa déchéance physique (perte des cheveux, impossibilité de se réalimenter sans vomir, faiblesse extrême...) et morale (folie, incapacité à raisonner...), les affres de la faim et du dénuement, ses relations avec les autres, ses nombreuses luttes internes, ses moments d'espoir et d'euphorie... Au final, le roman est très prenant, on s'attache au héros, on tremble pour lui, on compatit à son sort...