L’humanité sait qu’il lui reste quatre siècles avant que la flotte trisolarienne n’envahisse le système solaire. Les sciences fondamentales se retrouvant verrouillées par les intellectrons, la Terre doit se préparer du mieux qu’elle peut. Le Conseil de Défense Planétaire lance un nouveau projet : le programme « Colmateur », qui consiste à faire appel à quatre individus chargés d’envisager des stratégies secrètes pour contrer l’invasion ennemie. Car s’ils peuvent espionner toutes les conversations et tous les ordinateurs humains grâce aux intellectrons, les Trisolariens sont en revanche incapables de lire dans leurs pensées.
La Forêt sombre poursuit de manière brillante le récit entamé dans Le Problème à trois corps, en posant des bases très simples : comment utiliser au mieux les quatre prochains siècles pour survivre à l’attaque d’un ennemi doté d’une technologie nettement supérieure et sans pouvoir effectuer de recherche fondamentale ? Le programme « Colmateur » est une réponse originale, et on s’amuse avec l’auteur en essayant de deviner quelles sont les intentions cachées des quatre personnes désignées pour remplir ce rôle. Mais il ne s’agit pas d’un simple jeu de devinettes car les protagonistes sont toujours éclairés par leur passé, leur origine, leur parcours, et leur position politique et sociale dans l’évolution des sociétés humaines.
On accompagne ensuite certains des personnages principaux, grâce à l’hibernation, jusqu’à la veille du premier contact avec l’envahisseur. Les événements s’enchaînent alors selon une logique implacable, mais même le lecteur le plus perspicace ne pourra pas deviner tous les rebondissements, qui n’en finissent plus de surprendre, jusque dans les toutes dernières pages du livre.
Il faudra cependant s’armer de patience. Les 200 premières pages sont lentes, très lentes. Certaines longueurs sont parfaitement dispensables et inutiles. L’auteur ouvre des intrigues secondaires qu’il ne termine jamais vraiment. Un long chapitre poético-fantastique alourdit terriblement la première partie du récit. Et si le style de Liu Cixin est généralement somptueux, la sobriété et la concision n’en font pas vraiment partie.
Si ces défauts font de La Forêt sombre une oeuvre dans laquelle il est difficile de rentrer, le lecteur n’en ressort pas moins avec des passages inoubliables (l’Ultime Bataille, le Sélection Naturelle, les Fissureurs, …) et des personnages d’une densité et d’une complexité parfois époustouflantes. Il est d’ailleurs presque impossible de lâcher ce livre dans les 200 dernières pages.
Ce roman (totalement dénué d’humour) n’est pas léger (plus de 700 pages), et l’histoire qu’il raconte est d’une noirceur parfois déprimante. Mais il laissera très peu de lecteurs insensibles, et offre une réponse cohérente et passionnante (même si peu réjouissante) au fameux paradoxe de Fermi.
Liu Cixin : La Forêt sombre – 2008
Originalité : 4/5. Des réponses nouvelles à de vieilles questions.
Lisibilité : 3/5. La mise en place est longue et parfois un peu pesante,et quelques chapitres sont vraiment inutiles.
Diversité : 4/5. Les rebondissements sont multiples, les angles d’attaque sont très variés.
Modernité : 3/5. Un premier contact qu’on n’espère pas pour tout de suite.
Cohérence : 4/5. Une très belle maîtrise du récit, jusqu’au bout, malgré un départ un peu abracadabrant.
Moyenne : 7,2/10.
A conseiller aux lecteurs qui auront apprécié Le Problème à trois corps.
https://olidupsite.wordpress.com/2020/07/01/la-foret-sombre-liu-cixin/