La Fortune des Rougon par Chaaw
La fortune des Rougon est le premier volume de la série des Rougon-Macquart écrite par Zola. C'est le début de mon défi personnel de lire les 20 livres en 3 mois (je sais que je n'y arriverai pas, mais laissez-moi rêver).
Alors alors, La fortune des Rougon, c'est l'histoire d'Adélaïde Fouque et de ses trois enfants, dont deux "bâtards" nés d'une relation non officielle. C'est l'histoire surtout de ses enfants, et notamment de Pierre Rougon, l'enfant légitime. Et c'est l'histoire de sa fortune, à cet homme qui a soif de pouvoir et d'argent, qui rêve d'effacer la réputation mal famée de sa famille, et qui est prêt à tout pour cela. A travers cette histoire, celle de la France à la fin du XIXe siècle. On a donc l'histoire d'une famille peu élevée socialement pendant le Second Empire.
Et c'est ça qui est bien, qui est novateur pour l'époque dans l'œuvre de Zola. Il raconte l'histoire d'une famille à l'origine pauvre, pas du tout appréciée par les habitants de leur village, rejetée pour cause de folie, de bizarrerie et d'anti-conformisme. On ne voit pas une bonne petite famille bourgeoise bien comme il faut vivre sa petite vie. On a un fils de paysan qui va tout donner, écraser tout le monde pour accéder à la fortune, et prendre sa revanche sur le monde. Chaque personnage a sa part d'ombre, de méchanceté et de bizarrerie. Ils ont aussi de bons côtés, chacun d'entre eux, heureusement.
L'autre point positif, c'est l'écriture de Zola. Il nous introduit le roman par la description d'un terrain vague, puis nous montre la romance entre Miette et Silvère, pour enfin nous parler de la famille Rougon. Au début, on se demande quels sont les différents liens entre chacun de ces sujets. Et les liens se font peu à peu, laissant apparaître le génie de Zola. C'est aussi des descriptions magnifiques. Et puis sa façon d'écrire, nous fait passer d'un camp à l'autre. Lorsque le personnage évoqué est républicain, on se surprend à le soutenir, et lorsqu'il est réactionnaire, on se surprend là aussi à le soutenir. Et cette façon d'alterner entre les évènements politiques et les histoires personnelles !
J'ai beaucoup aimé ce roman, pour l'idylle entre Miette et Silvère, qui est sincère, naïve et belle. Mais aussi pour ces personnages méchants, malsains qui se tendent des pièges les uns aux autres et qui n'ont pour motivation que leur propre confort, leur propre bien-être. Chacun prend parti dans cette opposition, non pas pour défendre des idées, mais bien pour défendre ses propres intérêts. Tout le monde manipule, tout le monde est manipulé.
Bref, j'ai beaucoup aimé et je recommande chaudement cette œuvre. Sur ce, je vais me plonger dans La Curée.