Où l'on apprend qu'en fait Zola ça passe

Montesquieu, Balzac, Molière, ces grands auteurs qui ont bercé notre scolarité à base d'extraits photocopiés à disséquer sans aucune clef de lecture, m'ont toujours laissé de marbre. Les descriptions au kilomètre, l’absence d'intrigue, de caractérisation, c'est pour le collégien de base au pire un supplice au mieux la source d'un désintérêt profond.


Malgré un petit kiff sur André Malraux, moi j'étais plus de l'école James Fenimore Cooper, Stephen King, Frank Herbert, Philip José Farmer, Asimov... de l'aventure, du rêve, du lointain !


Mais bon on a toujours envie d'un peu de nouveau, et de ne tout de même pas passer à côté de certains classiques, ou au moins s'y essayer. Sur les conseils éclairés de mes éclaireurs, tentons donc Zola, dont le film Germinal, image d'Epinal s'il en est, est pour moi le seul point de contact jusqu'alors.


Un petit tour sur Wikipedia, et hop le point d'entrée est décidé, le premier roman de son grand cycle : Les Rougon-Macquart qui contient certains de ses livres les plus connus (L'assomoir, au bonheur des dames, Germinal, la Bête humaine...). En plus avec mon Kindle pas besoin d'un sac à dos ou de s'endetter pour acquérir l'intégrale pour quelques piécettes. L'objectif de cette saga est expliquée dès la préface :



"Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d'êtres, se
comporte dans une société, en s'épanouissant pour donner naissance à
dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d'œil,
profondément dissemblables, mais que l'analyse montre intimement liés
les uns aux autres. L'hérédité a ses lois, comme la pesanteur."



Il s'agira donc de l'histoire d'une famille sous le Second Empire, depuis le coup d'état qui sacre Napoleon III en tant qu'empereur à la suite de la troisième révolution française, à la chute du même Napoléon III à Sedan. Ce petit côté historique en plus ce n'est pas pour me déplaire. Attaquons donc ce premier volume.


La plume déjà, je n'ai pas rencontré les longues descriptions que je redoutais, mais des petits bijous de phrases qui se lisent sans aucun problème et beaucoup de plaisir. Je ne sais pas si le texte a été adapté, mais je n'y ai trouvé aucun archaïsme (a part peut être l'usage répété du mot "langueur" pour décrire les émois adolescents). C'est resté très moderne.


L'intrigue ensuite (dont je parlerai peu, nazi spoiler oblige), est un mélange de coups fourrés que ne renierait pas une fameuse saga adaptée par HBO et écrite par un gros barbu.


Les personnages enfin, à la fois nombreux et consistants, on vit vraiment les interactions entre tous les habitants de ce village au plus près, on connait complètement leurs intentions, mais on arrive encore à être surpris. C'est généralement pas mon point fort, et j'ai pourtant réussi à ne pas me perdre dans toutes les identités, preuve que les personnages sont très bien mis en place.


Le côté romanesque de l'amour entre Miette et Silvère apporte la petite touche émotion, même si dans sa finalité j'ai trouvé qu'il s'agissait du passage qui tirait un peu trop en longueur.


Bref du très bon, et j'ai maintenant hâte de continuer la suite de cette oeuvre. Bien joué Emile !

alb
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le 22 avr. 2016

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alb

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