Pendant des mois, je me suis posé la question : mais pourquoi est-ce que je déteste ce livre que la majorité des lecteurs adulent ? Pourquoi est ce que cet univers, ces personnages, ces réflexions philosophiques me laissent de marbre ? Pourquoi ces gadgets (pas même littéraires - nommer les chapitres par un symbole, paginer à l'envers) me font-ils sortir de mes gonds ?
...et puis... et puis j'ai réfléchi.
Damasio écrit bien. Il a un style très travaillé. Très personnel, qui prend le pas sur l'histoire, sur le fond. Et, au bout d'un certain temps, c'est lourd. Très lourd. Ca pourrait passer sur 50 pages, voire sur 100, pas sur 700. Monsieur Damasio, écrivez plutôt des Nouvelles.
Pour être original, l'univers est original, ça, c'est certain. Original, mais parfois sans queue ni tête (le Corroyeur, par exemple). Original, mais aussi absurde et vain. Comme la quête en elle-même est absurde et vaine. Toutes les X années, des Hordeurs sont envoyés à la recherche de la source du vent, et n'en reviennent jamais. A pieds. Parce que "l'important, c'est le voyage" ? Quel voyage ? Et les autorités mettent exprès des adversaires sur leur route ? Qu'on appelle ça un sacrifice à la "Battle Royale", et basta.
Parlons-en, de ces sacrifiés ! Ce sont des pions. Pas moyen de m'y attacher autrement qu'à des pions. Pas moyen de m'attacher à eux, de trembler pour eux, de rire avec eux, de pleurer sur eux. Et pourtant, ils en bavent...
J'ai aussi eu l'impression que l'auteur se moquait de moi, pour le dire poliment. Franchement, "Fontaine..." ou "La Terre est bleue..."
Et s'il s'agit pour l'auteur de vulgariser Deleuze ou Hawking... ils le font très bien eux-mêmes.