Les Contre-Passagers du Vent

L’un des livres les mieux notés de SC.

Autant dire que je me l’étais mis de côté, dans l’attente du bon moment, en laissant monter l’envie…
Hélas, comme souvent, la promesse s’annonçait un peu trop belle...

Sur une structure classique de quête menée par un groupe disparate de héros, l’idée est originale et excitante. Dans un monde terrestre imaginaire (sans repère chronologique vraiment déterminé ), la société s’est bâtie autour du vent qui souffle en permanence, de façon plus ou moins forte, toujours d’est en ouest, de l’amont vers l’aval. Des hommes d'élite, formés depuis l’enfance, sont constitués en Hordes successives et se voient confier par une institution mi politique, mi religieuse, la charge de trouver la source du vent – l’extrême-amont – jamais découverte en huit siècles, depuis que la première Horde a quitté la base en aval. Nous suivons la 34ème horde partie près de trente années plus tôt de l’extrême-aval, celle de Golgoth le neuvième, leader convaincu de faire mieux que la précédente, conduite par son père.

La narration de la quête irréversible contre le vent de ces vingt-trois hordiers aux qualités originales et complémentaires, sous la conduite intraitable du meilleur « traceur » de tous les temps a de l’allure. Toutefois, elle manque un peu de … souffle, malgré quelques passages très réussis (la joute réthorique notamment !). Il est difficile de s’investir vraiment dans les personnages, sauf peut-être le principal, Sov. Les envolées sur le vent, ses fins et sa mystique peuvent devenir pesantes. L’idée des « chrones » de toutes sortes est en revanche excellente et bien exploitée. Une allégorie sur la vacuité de la croyance aveugle, la déraison de l'obstination, le sens de la vie... Mais malgré de très bons passages, j'ai peiné pour arriver à la fin, somme toute assez prévisible.

Une sorte de Désert des Tartares un peu trop roboratif qui laisse une impression mitigée, entre le Blizzard et les Alizés.

J’ai bien peur d’être resté dans le pot au noir, là où tant d’autres ont su prendre le vent du large...