Il y a quelque chose d'agréable dans La Horde du Contrevent. Le concept du groupe soudé tentant d'atteindre un territoire jusque là inexploré, luttant contre le vent sous ses multiples formes, contre ceux qui refusent leur progression, contre eux même parfois. Les amitiés et les amours se lient et se délient, les rencontres se multiplient alors que la mort omniprésente choisit ses moments pour marquer la Horde de son impitoyable froideur. La lutte est longue, brutale, parfois sauvage et chaque pas est une victoire, une avancée majeure vers le besoin de comprendre.
Il y a quelque chose de désagréable dans la Horde du Contrevent. Un style souvent inégal, des digressions d'un ennui rare et des pages et des pages remplies d'un tout qui ressemble tant à du rien. Il faut lutter, s'accrocher, tenir coûte que coûte pour avancer, à la manière d'un valeureux hordier. L'esprit en métaphore d'un corps penché vers l'avant, la tête baissée pour mieux laisser s'écouler les séduisantes poussées de l'abandon.
Par moment génial, trop souvent inégal, La Horde brasse du vent et souffle jusqu'à en devenir repoussant. Il est peut-être là, le véritable génie d'un tel roman : mettre en abyme sa propre histoire jusqu'à transformer le texte en redoutable épreuve. Le lecteur lutte, se cramponne et tient du mieux qu'il peut pour rejoindre l'inaccessible. Ou peut être tout cela n'est-il que l'accident d'un auteur trop fier et qui, c'est évident, ne manque pas d'air.