La Horde du contrevent par Diothyme
Dans un monde balayé en permanence par les vents, un groupe d'élite est formé pour le parcourir, depuis la ville située tout au sud, Aberlaast, jusqu'à l'extrême-Amont, terre de tout les fantasmes et quête ultime. Jusqu'à aujourd'hui toutes les Hordes ont échoué, la 34e est en marche, ses membres ont été entraînés dès leur sixième année pour faire d'eux les meilleurs, beaucoup de leurs camarades ont d'ailleurs péri pendant les classes. Au moment où commence le récit, ils sont vingt-deux, ils ont récupéré certains membres au cours de leur marche dont le troubardour trublion : Caracole, et le croc Coriolis qui fait tourner des têtes... Le roman est conté à plusieurs voix, les principaux narrateurs sont le scribe Sov bien sûr, véritable ciment de la Horde, Pietro, Prince, toujours à l'écoute des autres, Aoi cueilleuse-sourcière, Alme la soigneuse, Oroshi l'aéromaître, respectée de tous grâce à son grand savoir et sa noblesse, Golgoth, le neuvième, un leader charisma... non un leader odieux, caracactériel et misogyne, doté d'une volonté sans failles. On pourrait croire que les éléments sont leurs seuls ennemis, mais au sein même des décideurs en aval, des scissions voient le jour, les uns ne voient plus l'intérêt de remonter le monde à pied étant donné les nouvelles technologies aériennes qui existent, et d'autres lancent carrément des espions et des assassins à leurs trousses. Mais selon les anciens, seule une horde à pied peut découvrir les neuf formes du vent, dont seules six sont connues pour le moment. Ils devront aussi surmonter les découragements, les trahisons, qu'y a-t-il pour eux au bout du chemin?
La horde du contrevent a reçu en 2006 le grand prix de l'imaginaire du meilleur roman francophone, qu'il mérite amplement. On doit d'abord faire remarquer l'original système de narration où chaque personnage est représenté par un symbole : une parenthèse, un oméga, des crochets, en chaque début de paragraphe, avec un lexique en début de livre pour ceux qui s'y perdraient. Des idées excellentes également, comme la notation du vent, par une ponctuation, qui ressemble aux signes que vous pouvez voir sur la couverture, un lexique du vent inventé tout spécialement pour ce monde, avec ses babioles qui deviennent des "babéoles", les "vélivélos", toutes les divinités et les éléments implorés qui sont remplacés par des éléments aériens. Des personnages haut en couleurs, même si les femmes, à part Oroshi, sont beaucoup moins intéressantes que les hommes, leurs récits portant surtout sur leurs amourettes avec les membres de la horde. Pour les amateurs de belle prose, vous allez tomber amoureux de Caracole, qui manie le verbe avec adresse, surtout dans le chapitre de la joute orale à Alticcio, étonnant quand on voit que le livre contient pas mal de coquilles. Concernant le rythme, le concept de la péripétie par chapitre ne m'a pas plu, on nous parle d'un gros vilain dans un chapitre, oh qui voilà dans le chapitre suivant... Les combats à la Dragon Ball Z, avec moult description des pirouettes de nos athlètes éoliens sont un peu longues à mon goût, n'étant pas une fanatique de l'action. J'ai été très déçue par la fin du livre complètement attendue, après des pages de montée en puissance, qui retombent complètement à plat. A ajouter une initiative fort sympathique, le livre est accompagnée de sa BO, dans l'idée c'est très bien, dommage que celle-ci soit un échantillon de "musique du monde" de supermarché. Toutefois, la horde du contrevent est une véritable épopée humaine, qui nous amène à faire notre propre introspection, avec des discours philosophiques qui pour une fois ne sont ni trop ronflants, ni remâchés. Ce livre fera le délice de tout les amateurs du genre, pensez-y c'est bientôt noël!