Un classique, que je ne connaissais pas, merci au pote qui me l'a fait découvrir. J'avais toujours eu un a priori contre Pratchett, pensant, à tort, qu'il s'agissait de fantasy U.S classique, particulièrement héroïque et même un brin pompeuse. Force est de constater que je me plantais complétement. D'abord, Pratchett est britannique, enfin était, puisque La Mort est venue le chercher en 2015. Ensuite, ce n'est pas du tout pompeux, c'est même franchement satirique.
C'est à vrai dire très drôle, d'un humour british souvent noir et très pince sans rire, dans un style qui rappelle un peu celui que les Monty Python ont, à la même époque, étalé sur les grands écrans. Les codes de la fantasy façon Tolkien sont revisités avec beaucoup d'ironie : auberges mal famées, sanctuaire d'un mangeur d'âme, montagne aux dragons. Les héros du genre subissent le même sort : barbares pilleurs de tombe, magiciens, guildes de voleurs et clercs des cultes les plus improbables. Avec un clin d’œil appuyé aux rôlistes, puisqu'un des quatre volets qui composent le bouquin voit en fait son intrigue régie par une partie que se disputent des dieux, avec force lancers de dés.
Le monde imaginé par Pratchett est foncièrement délirant : une planète plate, dont les eaux se déversent dans le vide, qui tourne autour de son moyeu comme une roue et portée par quatre éléphants eux-même juchés sur une tortue galactique qui dérive dans l'espace. Et la satire ne s'arrête pas aux mondes imaginaires, puisque l'un des protagonistes principaux - celui qui va mettre un zbeul pas possible sur le disque-monde - est un touriste qui déboule la gueule enfarinée et bourré de devises, en mode naïf, dans un monde (censé être) impitoyable. Et ses pérégrinations - accompagné par l'impayable mage Rincevent - réjouiront à n'en pas douter le lecteur.