Si cette fin n'est pas l'une des plus belles du monde...
"La joueuse de go" est un très beau roman, il est constitué les récits entrecroisés de deux personnes dont on suit l'évolution, et les changements qui mènent au passage à l'âge adulte. Le lecteur change ainsi d'aventure à chaque chapitre, heureux de retrouver l'un et l'autre. Et surtout, il est impatient de pouvoir enfin lire où, quand et comment ces deux personnages se rencontreront.
Les deux récits n'ont aucun point commun à la base, dans la mesure où chaque événement n'est vécu que par l'un ou l'autre, et ce même si les bases sont les mêmes (la famille, les premiers amours, l'éveil à la sexualité, le tout sur fond de guerre).
Et la rencontre ne déçoit pas. Si tout ce que ces deux êtres ont vécu jusqu'alors était plutôt purement physique, leur relation est ici toute en distance et non-dits. Tous deux sont plongés dans le calme et l'absence de mots qui entourent la table de go, les interrogations sont nombreuses mais les questions sont inexistantes. L'attirance s'installe, l'habitude de leurs rencontres place des mille vents, la dépendance aussi. C'est au-delà de tout, bien plus beau que tout. Si bien qu'on se croirait presque dans un Wong Kar Wai tant on en retrouve la délicatesse et le silence omniprésent mais lourd de sens...
Pourtant, en réalité, ce n'est pas vraiment une critique que j'écris, même si je ne ne peux que vous conseiller ce livre très bien écrit et qui est assurément très plaisant à lire !
Mais non, ceci n'est pas une critique, mais une ode à cette fin. Cette fin merveilleuse, bouleversante, cette fin de rêve (de mes rêves) à laquelle je ne m'étais pas préparée et que je pourrais relire encore et encore sans jamais m'en lasser. Impossible de s'endormir sans aller jusqu'au mot fin, impossible également de ne pas relire ces quelques dernières pages qui portent l'attachement à sa plus haute échelle, impossible de ne pas chavirer devant cette illustration de l'amour véritable...
Assurément à lire, à savourer même...