Sans âme, distribuée ou pas.
Voilà une histoire avec plein d'idées très originales, que j'aurais vraiment voulu aimer, mais qui, au final, passe complètement à côté de la plaque.
Le personnage principal est une intelligence artificielle, précédemment un vaisseau de guerre. Dans son rôle d'origine, il contrôlait des dizaines ou des centaines de corps, agents de sa fonction, tous partie de lui: les ancillaires. Si vous voulez, une version biologique du parallélisme de votre ordinateur multi-core. De par sa nature, il n'est pas sexué (même si les ancillaires, eux, le sont techniquement), et il a quelques difficultés avec le concept, ou a reconnaître les mâles des femelles dans ses interactions sociales. Autrement, il est extrêmement capable, en mission, et avec un compte à régler.
Les problèmes que j'ai avec ce livre sont essentiellement liés aux fautes stylistiques de l'auteur. Le début est très confus. Il y a beaucoup de concepts étrangers, quelque chose qui ressemble à un univers complexe, mais ce n'est pas transmis clairement, et pour des raisons à mon avis inexcusables. Il est impossible de se rapprocher des personnages, tant le manque de détails à leur sujet est total. Certains traits paraissent importants, comme ils sont présentés, par exemple la nature zombi-esque des ancillaires, la question de leur sexe, mais en fin de compte s’avèrent sans influence sur aucun aspect du récit.
En fait, presque toutes les tribulations de Breq, notre héro, s’avèrent sans importance. Elle saute d'une tasse de thé à la suivante. La nature parallèle des ancillaires, si intéressante, est gaspillée tout au long d'une trame consacrée, littéralement, à des querelles de pêcheurs. Des personnages et des environnements importants ne sont quasiment pas décrits (par exemple, Striggan, qui apparemment est en possession un objet de quête important, dont les propriétés sont finalement inutiles; ou les habitats spatiaux, tellement vides de qualités qu'on a parfois du mal à se rappeler qu'on est dans l'espace).
L'acte final offre finalement un peu d'action, mais n'est pas suffisamment plausible pour que je puisse oublier ces débuts branlants. Heureusement, l'histoire qui, si je comprends bien, est la première partie d'une trilogie, se suffit a elle-même et la fin n'est pas trop décevante. On évite le désastre complet grâce a cela et l'originalité du concept des ancillaires.
Si vous vous intéressez aux personnalités multi-thread, je n'ai pas vraiment d'alternative à proposer, mais pour ce qui est de la perception d'entités asexuées ou au sexe ambigu, je vous renvoie vers "The Left Hand Of Darkness" (Ursula Le Guin), qui est en tous points supérieur à cet ouvrage:
http://www.senscritique.com/livre/La_Main_gauche_de_la_nuit/202384