Lorsque j’ai posé le livre, je dois dire que j’étais incapable de dire ce que j’avais pu ressentir. Plusieurs sentiments, m’ont traversés comme des fulgurances impossibles à retenir, un fil ténu, tellement imperceptible de filaments troubles, d’interrogations, d’admiration où mon imagination a été emportée dans un monde dans lequel j’aurais pu me perdre.
Le lyrisme dont faite preuve l’auteure, et ce, dès le prologue nous embarque dans une violence d’une cruauté hypnotique poussée à son paroxysme, au cœur d’un village isolé de tout.
Cécile Coulon est ce petit feu follet qui m’embarque dans son univers fantasmagorique où la réalité est brouillée, tout en gardant un incroyable réalisme ancré dans un terroir réaliste, simple, sans aucune temporalité et où chaque personnage est nommé par ce qui le caractérise : le fils, la mère, le prêtre, l’enfant, l’homme aux épaules rouges…
Cette simplicité fait que chaque mot, est comme un pas qui nous fait avancer vers ces ombres retenues et que l’auteure libère peu à peu, dans laquelle chaque lecteur peut voir, ou entendre ces choses cachées, ces secrets qui viennent pourrir des générations, des injustices qu’il faut réparer pour que tous reprennent le cour de leurs vies. Le fils se fait à la fois guérisseur, justicier, il répare aussi bien les corps que les âmes.
L’auteure nous invite à nous connecter avec La langue des choses cachées, celles qu’on perçoit d’une manière imperceptible, mais qu’on écarte… Elle nous invite à nous réconcilier avec nos émotions, nos ressentis.
Elle réussit à m’entrainer entre les lignes, au point de me retrouver moi-même un personnage à part entière, prise entre ses filets, entre narration introspective et terre nourricière, je suis tout entière tendue vers la réalité qu’elle évoque.
Le livre est parsemé de murmures qui prennent vie, devenant une danse, un ballet, qui rassemble toutes ces voix tues, invisibles pour qu’enfin, on les entende et qu’elles ne tombent jamais dans l’oubli. À travers elles, l’auteure dénonce l’innommable et fait de son personnage principal un justicier au grand cœur, guérisseur des âmes et passeur de relais.
Cette narration poétique, scandée par des phrases courtes, crée une musicalité d’une densité incroyable, par laquelle le lecteur se laisse bercer sans jamais perdre son chemin. Jusqu’à la toute fin, lumineuse et révélatrice, où il se retrouve exsangue, vidé de toute substance, tellement la narration est poétiquement incroyable.
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