C'est par le film sensationnel de Frank Darabont que j'en suis venu, naturellement, au roman de Stephen King …

Ce n'est pas que je sois un grand amateur de cet auteur mais je suis bien obligé de reconnaître que ceux que j'ai lus (trois ou quatre) m'ont tous captivé. "La ligne verte" ne fera pas exception. Il faudra qu'un jour je me penche sérieusement sur Stephen King…

D'abord quelque chose d'amusant, c'est que l'auteur a conçu de publier son livre sous forme de six épisodes publiés dans une revue. Un bon moyen de tenir ses lecteurs en haleine sans qu'ils puissent connaitre le dénouement à l'avance … A la manière de Charles Dickens. Mais je n'ai pas joué le jeu puisque mon édition (Livre de Poche) regroupe les 6 épisodes et j'ai tout lu dans la foulée. Ce n'était vraiment pas possible d'attendre entre les épisodes !

Est-il utile de rappeler que l'histoire se présente comme les mémoires de Paul Edgecombe, gardien chef du quartier des condamnés à mort d'une prison du sud des Etats-Unis ? Paul coule désormais des jours paisibles dans une maison de retraite où il se remémore sa vie et en particulier sa rencontre avec un prisonnier noir hors normes, John Caffey (comme la boisson mais ça s'écrit pas pareil) ...

Stephen King décrit finement la vie de ce quartier des condamnés, ce bloc E, où on côtoie, en vase clos, les pires criminels destinés à la chaise électrique mais aussi la perversité de certains gardiens. Sachant que ces mêmes gardiens ont à leur actif un nombre d'exécutions largement supérieur au nombre des victimes des condamnés. La seule différence est que ces exécutions sont requises par la Justice et, il faut bien le dire, par les familles des victimes qui viennent assister à l'ultime vengeance. Quand le doute s'installe dans les consciences des gardiens sur la vraie culpabilité d'un condamné, il est quasi impossible de faire rétropédaler Dame Justice. Mais le roman ne se situe pas sur ce registre et ne cherche pas à remettre en cause quoi ce soit sur le problème de la peine de mort. On est dans les années 30, aux USA, en pleine dépression et ce genre de remise en cause n'est pas à l'ordre du jour et n'aurait pas de sens. Même si Paul reconnait volontiers que ces exécutions sont une tâche très difficile qui hantent longtemps les consciences.

On est surpris de trouver dans ce livre, dont le sujet est normalement austère et dur, autant d'humanité, de bonté chez certains gardiens (pas tous !). On est bouleversé par le personnage de John Caffey dont on comprend peu à peu qu'il est un être infiniment bon, très éloigné de la vision officielle de brute assassine de deux fillettes. On est attendri par Mr Jingles, une petite souris, qui fait courir matons et prisonniers (heu, pas tous, non plus !). On est amusé du style de Stephen King qui rédige les mémoires de Paul, de sa maison de retraite où il retrouve finalement, en quelque sorte, une vie de prisonnier dont l'issue est aussi la mort inexorable ou la mort qui tarde à venir ...

La mort attend chacun de nous, il n'y a pas d'exception, je le sais. Mais parfois, ô Dieu, que la ligne verte est longue !


JeanG55
9
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le 20 oct. 2024

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6 j'aime

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