La Longue Guerre débute 10ans après les évènements de la Longue Terre et c'est avec un plaisir non feint que j'ai retrouvé les principaux protagonistes de cette incroyable fresque SF au concept ingénieux de multivers, ou plutôt de multi Terre. Si vous n'avez pas lu La Longue Terre, je me permets de vous rediriger vers ma critique car La Longue Guerre n'a aucun intérêt à être lu si vous n'êtes pas déjà familiers avec l'univers.
10 années ont passé depuis le retour de Josué en Prime Terre. Il est aujourd'hui père de famille et maire d'une petite colonie à une centaine de milliers de mondes de chez lui. Lorsque Sally débarque sans prévenir pour l'informer que les trolls sont persécutés par les colons un peu partout dans le multivers, Josué part avec elle pour essayer d'apporter son aide. A ce moment là, on pourrait croire qu'on est reparti pour une formidable fuite en avant aux confins de la Longue Terre mais ce n'est pas tout à fait le cas.
En effet, La Longue Guerre n'est plus focalisé sur Josué et nous invite à suivre le destin de nombreux protagonistes. L'agent Johnson, Sally, Lobsang, un prêtre, une gamine surdouée ou encore un détachement militaire sont autant d'arcs narratifs développés en plus de celui de Josué. Tous vivent une aventure unique et assurent une exploration dépaysante du multivers terrestre.A ce niveau-là, le voyage et la découverte de ces mondes sont de vraies réussites, à l'image de ce qui nous était proposé dans la Longue Terre.
Malheureusement je déplore sincèrement que le titre de l'ouvrage soit aussi mal choisi. La Longue Guerre...ça vous évoque quoi, à vous ? Une civilisation extraterrestre ? Le racisme ? Un conflit d'intérêt entre espèces du multivers ? L'esclavagisme ? Non ? Vous vous attendez à ce que ça traite de la guerre et c'est normal ! Mais ce n'est pas le cas ici ou, du moins, ce pan de l'histoire est rapidement relégué au second voire au troisième, si ce n'est au quatrième plan ! Je trouve ça un peu frustrant car l'idée du gouvernement Prime terrien lançant une vendetta punitive à l'encontre des colonies réclamant leur indépendance était vraiment prometteuse.
Le premier opus présentait Crowley, le nouveau président des Etats-Unis, comme une sorte de tyran à la poigne de fer mais ici il apparaît comme un second rôle définitivement en retrait. La Longue Guerre choisit de développer les thématiques listées dans le paragraphe précédent et, bien que ce soit intéressant et porteur de réflexions, cela induit inévitablement un problème de rythme et d'enjeu. Oui, la condition des trolls est touchante. Ok, le fonctionnement des colonies est une alternative rafraîchissante à nos sociétés modernes hyper connectées et dominées par l'argent et le paraître social. Certes, on prend plaisir à en apprendre plus sur les Kobolds et les Beagles. Mais ça manque d'action !
Je reconnais que sur la fin ça s'emballe un peu mais à l'instar du livre précédent, La Longue Guerre s'achève à nouveau sur un twist putassier nous invitant fortement à nous jeter sur la suite. Honnêtement, pas sûr que je le fasse. Pas dans l'immédiat en tout cas. J'ai énormément apprécié le voyage, j'adore l'univers, le background est fouillé et riche en pistes de réflexion sur nos rapports à l'autre et sur la manière dont on fait évoluer et gère nos sociétés contemporaines mais ce second volet des aventures de Josué (& cie...) est loin d'être aussi mémorable que La Longue Terre .
Il n'y a plus cet effet de surprise comme lors du précédent ouvrage. La Longue Guerre reprend les mêmes ingrédients, les affine, les mélange et les recrache mais ça n'a plus la même saveur. Ca manque d'épices et, d'une manière générale, d'une réelle prise de risques. Selon moi La Longue Guerre est à réserver à ceux qui non seulement ont vraiment aimé La Longue Terre MAIS qui en plus sont sûrs de vouloir lire le 3e livre; à savoir La Longue Mars. Ce second opus n'est pas foncièrement mauvais mais à titre personnel il m'a déçu. Peut-être que j'en attendais trop....