Mala hora, c'est la magie des indices semés par Gabriel Garcia Marquez : sans l'énoncer clairement, l'auteur évoque un nouveau gouvernement, reprenant les arguments des partis d'opposition de 1955, sous l'ère équivoque de Rojas Pinilla, époque à laquelle Gabriel Garcia Marquez a dû s'exiler pour raisons politiques.
C'est encore la magie climatique, présente dans toute son oeuvre, ici la chaleur est un véritable protagoniste alourdissant l'apathie mentale des villageois. de nouveau la magie avec un quotidien où la temporalité semble élastique et la splendeur exotique démystifiée par une vérité tropicale prosaïque et comme au ralenti. Magie encore avec cette quête des sens cachés que l'auteur glisse dans l'atmosphère de ce roman : signe avant coureur, malaise, non-dit, atmosphère hypocrite, oppression latente. L'auteur interroge avec inquiétude les hommes de son pays, leurs intentions véritables, qui sont les collaborateurs, les bourreaux, les rebelles et les bien-pensants.
Magie enfin du titre : Mala hora, qui porte traditionnellement en elle, sur ce continent latino-américain, tous les mauvais présages, l'heure qui annonce, comme dans les tableaux d'Armando Menocal, un malheur imminent, la mort d'une célébrité, la chute d'un régime, la fin d'une rébellion, la reddition d'une armée : l'heure maudite.
Tandis que moi quatre nuits...