[En musique ici.]
Ce que j'aime particulièrement avec Sand, c'est le gouffre, l'antagonisme entre sa vie dans son fabuleux domaine de Nohant et les histoires tellement simples qu'elle raconte à ses lecteurs. Ce sont ses passions amoureuses, avec Chopin bien sûr, mais surtout Alfred de Musset, volcaniques parfois, qui ne sont en rien comparables avec l'amour pur, simple, loyal de ses écrits. Evidemment, je ne me base que sur mes quelques lectures, mais j'aime la façon dont elle transpose sa tendresse pour le monde rural dans ses récits et le paradoxe avec sa vie, son intimité. Comme avec La petite Fadette, La mare au diable est une ode à la tolérance et à la persévérance.
Après un avant-propos intéressant mais peu en rapport avec ce qu'on s'apprête à lire (elle le dit elle-même), Sand nous conte la petite histoire de Germain, qui doit se remarier après la mort de sa femme et qui dirige son choix vers une femme courtisée du coin, de bon parti. Mais notre Germain ne semble pas comprendre que la pauvre Marie, bonne à tout faire, et bien heureuse avec les enfants, est en train d'emplir son cœur petit à petit. Marie, quant à elle, est pragmatique et au-delà de ces considérations - puis, de toute manière, elle n'aime pas les hommes âgés...
George Sand s'entretient avec un ami dans une autre aventure rurale, François le champi, de la manière dont on doit raconter ces romances "champêtres". Si il faut adapter le ton à une lecture destinée à un paysan, à un bourgeois, si le sentiment brut et simple ne va pas faire fuir l'homme de ville et si, au contraire, la passion trop élaborée sera compréhensible par l'homme de campagne plus terre à terre. Et bien c'est la magie de Sand, elle n'a même pas besoin de s'en expliquer avec son ami : elle écrit pour tout le monde, avec simplicité et rigueur, ne penche ni trop dans le misérabilisme, ni trop dans l'héroïsme. Elle décrit les vrais gens. Elle décrit un homme qui, comme tant d'autres, se rend compte que le bonheur se trouve à portée de main, dans les choses simples de la vie. Ah, ces laboureurs. Ah, que La mare au diable représente bien cette consécration de l'authenticité...