Je ne rédigerai rien sur le thème du livre. Il suffit de lire les autres critiques pour s'en faire une idée.
Pour ma part, j'ai un regard historique sur le sujet, car ma quête, au début désincarnée, des premiers prix Goncourt, est dorénavant clairement soutenue par les brèves historiques que m'apportent ces lectures. Et là, Léon Frapié m'a bien servi. La Maternelle obtient le prix en 1904. Second lauréat de l'histoire.
Ce livre est intéressant à plusieurs égards. D'abord une peinture sociale que je n'avais pas retrouvée depuis Zola. La plongée dans le quartier de Menilmontant est profonde. On y vit le temps des pages: la peur, le froid, la faim ou encore la violence familiale, l'omniprésence de l'alcoolisme, de la misère, de la maladie, du dénuement. Tout y est et nous glacent d'effroi.
Pourtant l’œuvre n'est pas noire. La France est le pays des esprits libres et Frapié dotent ses personnages d'une intelligence claire et de l'impertinence nécessaire à la dure réalité de leurs quotidiens.
Enfin, j'ai été surpris d'apprendre, qu'à l'époque les maternelles comptaient soixante enfants par classe, que l'année scolaire commençait au dix-huit août pour se terminer fin juillet, que les délégués cantonaux battaient le pavé au contact de la population, ...
Bref, je ne me suis pas ennuyé une minute, et les pages furent vite dévorées. Vive Léon Frapié et vive les Goncourt d'avoir immortalisé cette œuvre.