Pour un individu dans mon genre qui a la larme facile, ce type de roman est une véritable source d'ennuis et d'embarras : la pudeur fait qu'il est impossible de le lire en public puisque les vagues de pleurs qu'il provoque sont puissantes et imprévisibles. Le traitement du deuil, sujet si souvent tabou, est ici assez exceptionnel : c'est la défunte qui, depuis l'antichambre du paradis, pénètre les pensées des êtres qui lui sont chers, ainsi que celles de son tueur, et qui commente leurs existences à jamais bouleversées par sa mort.
Le récit est de qualité, sensible, peut-être un peu trop étiré vers la fin ; il offre du reste à la Mort un visage plus avenant, moins catégorique. Enfin, l'expérience personnelle et les convictions de l'auteur poignent si clairement dans ses mots (cet attachement pour les femmes abusées !) qu'il est difficile de ne pas percevoir la mise en garde.