Bon voilà.. j'ai fait un titre à jeu de mots!
Sylvain Tesson a un style d'écriture très poétique, mais que je trouve parfois un peu "forcé", dans le sens où j'ai l'impression qu'il essaie de faire des phrases courtes et impactantes qui peuvent être citées facilement pour faire de l'effet.
Mais malgré cela, je me laisse facilement emporter dans ses livres (j'ai seulement lu "Les chemins noirs" en plus de celui-ci, pour le moment).
J'aime ici le fait de broder autour du sujet central (le voyage au Tibet à la recherche de la panthère des neige) pour parler de son passé amoureux, de son ami photographe, de l'évolution du Tibet etc.
Deux éléments reviennent de manière très fréquentes et m'agacent un petit peu :
1) Il y a quasiment une citation à chaque paragraphe. J'aime bien les références à d'autres auteurs (cela permet d'attiser la curiosité à leur sujet), mais j'ai un peu de mal quand cela devient un catalogue de phrases sorties de leur contextes pour les mettre dans un autre.
2) La misanthropie ressortie à chaque occasion. On peut comprendre le désamour de Sylvain Tesson pour la société moderne surdéveloppée, surtout après avoir passé plusieurs semaines dans la nature; mais rabâcher à tout bout de chemin, sans mesure, que l'homme est un être mauvais et monstrueux, c'est vite lassant. Le sujet était omniprésent dans "Les chemins noirs" aussi, mais traité de manière plus objective.
Le pompon avec cette carricature du chasseur reprise plusieurs fois (alcoolique, gros et assoiffé de sang - mettant au passage au même niveau celui qui chasse un lapin pour le déjeuner du dimanche et le braconnier qui vend les fourrures de panthères pour en faire des manteaux.)
Cela dit, j'ai bien aimé suivre le périple de ces observateurs d'animaux, le livre se lit très rapidement malgré les lourdeurs citées plus haute, ce qui montre qu'il y a beaucoup de qualité dans l'écriture. J'ai aussi très envie de voir le film tourné en parallèle.
Je trouve cela très intéressant de parler de LA panthère (ou Once, ou Léopard), quand les autres animaux sont DES loups, DES chats ou DES yacks. On croirait presque qu'il n'y a plus qu'une panthère (pas encore, heureusement) ou qu'il s'agit d'un mythe comme LE Yéti. Cela lui donne une place plus importante dans l'histoire (du livre) et participe à créer une sorte de légende à son sujet.