Il en faudrait davantage de ces livres qui nous dorlotent et nous émeuvent sans prétendre accéder à la "grande littérature" si tant est que celle-ci réponde à des critères objectifs, ce dont il est permis de douter. Les livres d'Ogawa Ito font du bien par leur bienveillance et c'est énorme, ce sont des Feel good Books dont on émerge avec parfois même une petite larme à l'oeil. Mais attention, c'est tout un art que de savoir garder une certaine tenue et de ne pas tomber dans une mièvrerie sucrée. De ce point de vue, La papeterie Tsubaki est un modèle du genre et peut-être le meilleur livre de la romancière japonaise, devant même Le restaurant de l'amour retrouvé. Au fil de quatre saisons, Ogawa Ito nous raconte la vie et les états d'âme d'une jeune femme qui a repris la papeterie de sa grand-mère et surtout son office d'écrivain public. C'est l'occasion de rencontres et de partages, bien sûr, mais aussi une description affectueuse d'un métier pas comme les autres où il est aussi bien question de calligraphie que de choix d'encres, de papier ou de crayons. Outre le thème de la transmission, très présent, Ogawa nous parle d'amitiés, épistolaire ou non, qui dépassent les notions d'âge ou de milieu social. Le livre est un hommage vibrant à Kamakura, petite ville côtière à taille humaine, toute proche de la mégalopole tokyoïte. Au-delà de la papeterie, la romancière consacre de nombreuses pages à la nature et au passage des saisons, aux fêtes traditionnelles et, bien entendu, à la gastronomie. Hatoko, l'héroïne de La papeterie Tsubaki, ancienne rebelle, est revenue à la source et acquiert une sagesse nouvelle en joignant l'utile de sa profession à l'agréable des relations humaines. Qu'est-ce qu'on aimerait pousser la porte de sa papeterie pour papoter un moment en dégustant un thé odorant !