« Ce message de sympathie, je l’ai rédigé avec une encre beaucoup plus pâle que d’habitude.Délayer l’encre, c’est le signe d’une grande tristesse : les larmes tombées sur la pierre à encre en ont éclairci la couleur. » (page 45)
Voyageur incognito, le lecteur passera une année à Kamakura aux côtés de la jeune Hakoto, libraire de quartier et calligraphe qui vient de succéder à sa grand-mère, l’Aînée. Au-delà de la calligraphie, il découvrira avec son hôte la culture japonaise, la spiritualité, de la cuisine et l’histoire de cette ancienne et vivante cité côtière aux portes de Tokyo. Extraordinaire et délicieuse lecture.
« Puisque les enveloppes seraient libellées horizontalement, j'ai opté pour le stylo-plume plutôt que le pinceau, avec de l'encre traditionnelle de chez J. Herbin. Parmi les trente coloris disponibles, j'ai choisi le gris nuage. » (page 81)
Quatre cents pages de douceur, de délicatesse et de politesse exquise qui vous laisseront le souvenir de l’arôme léger et mystérieux de l’encre préparée pour le voyage sans fin du calligraphe parmi les hiragana, katakana et kanji armé des quatre trésors du lettré : pierre à encre, bâton d’encre, pinceaux, papier. Chargé par un tiers de rédiger une carte de vœux ou une lettre de rupture, un curriculum vitae ou une lettre de condoléance, le calligraphe devra savoir choisir parmi les quatre trésors et au-delà pour exprimer jusque dans l’écriture elle-même les sentiments de son client. Étonnant !
« Malgré le nombre de commandes qu'elle avait honorées en tant qu'écrivain public, l’Aînée ne s'était jamais perdue de vue. Jusqu'à sa mort, elle avait été elle-même. Et maintenant que son corps avait disparu, elle continuait à vivre dans les calligraphies qu'elle avait laissées. Son âme les habitait. C'était ça, l’essence de l'écriture. » (page 207)
Chronique entière : https://www.quidhodieegisti.com/2024/10/13/ogawa-ito-la-papeterie-tsubaki/