Fiction écrite il y a 27 ans qui dépeint un futur plausible ...
Les Etats-Unis s'entredéchirent, l'eau potable devient une denrée rare et chère, le diesel encore plus et il n'y a pratiquement plus de véhicule motorisés, des quartiers construisent des murs d'enceintes pour se protéger des pillards, des pauvres qui ont tout perdus et qui sont près à tout pour obtenir quelques dollars ou un peu de nourriture.
Nous sommes dans le journal de Lauren, jeune fille noire, enfant de pasteur, vivant derrière une de ces enceinte avec une dizaine d'autre famille et leurs maisons. La moitié du récit se déroule à l'intérieur de ces murs, et l'autre moitié sur la route hostile à la recherche d'un nouveau chez-soi.
Ca parle beaucoup de réchauffement climatique, alors qu'en 1993 quand le livre à été écrit on n'en parlait pas comme aujourd'hui. Ca montre que Bulter était déjà lucide là dessus, le fait apparaître dans le livre comme c'est présent de nos jours, c'est fou comme les auteur.ices de SF peuvent être visionnaires ;)
Les questions de races sont également présentes, montrant que les blanc.hes sont privilégiés, les couples mixtes sont mal vus, la majorité des personnages principaux sont des personnes racisées.


J'ai beaucoup aimé l'univers post-apocalyptique, d'abord à travers les yeux d'une adolescente de 15 ans, qui, alors que tout s'écroule dehors, continue à vivre une vie plus ou moins paisible avec sa famille à l'intérieur de leurs murs de protection. Elle a grandit dans ce climat, où il faut montrer que l'on est armé pour ne pas se faire attaquer, où tout coûte de plus en plus cher, où l'on risque sa vie en allant faire ses courses, et a donc un détachement assez fort par rapport à tout cela, elle le décrit comme étant son train-train de vie, tout en étant assez naïve sur ce qu'il se passe au-dehors car les adultes ne lui en disent pas grand chose.
Il y a une belle évolution du personnage au fur et à mesure du récit qui s'étend sur 3 ans, elle passe de l'adolescence à l'âge adulte, se met dans une position de leader et de messie lorsqu'elle se retrouve sur la route.
Lauren écrit une nouvelle "bible", le Livre des Vivants, où elle réinvente une religion en plaçant Dieu comme étant la métaphore du changement. J'ai trouvé ça intéressant, j'aime bien les histoires qui jouent sur les croyances et les manipulent, ici on voit comment une personne a décidé de créer une nouvelle forme de la religion et comment elle commence à en parler autour d'elle, comment elle trouve et convertit ses premiers adeptes, juste en discutant et en faisant appel à leur curiosité. Cependant, je trouve que cet aspect du récit aurait pu aller un peu plus loin, on dirait parfois que Butler a repris des bouts tels quels de la bible pour les citations du Livres des Vivants et j'aurai aimé que ce soit un peu plus subtile et pointu.


Ce qui m'a également plus dans cet univers post-apo, c'est que ce n'est pas un livre de zombie, mais plein de choses m'y ont fait pensé, les humains sont tellement désespérés, pauvres, drogués, que les protagonistes doivent s'en défendre comme face à des zombies, pas de pitié, on tue ou on se fait tuer, sans essayer de discuter.


Dans ce qui m'a déplu et m'a dérangé, il y a déjà le fait que c'est très très hétéro, le groupe de personne qui se constitue autour de Lauren sur la route est composé de quelques femmes, hommes et enfants, et se créent au moins 4 couples hétéros hyper "naturellement", comme si c'était évident. La deuxième chose est la relation très gênante en Lauren et Bankole, elle a 18 ans et lui 57. Ce n'est pas la première fois que je suis dérangée par ce genre de chose dans un livre d'Octavia Butler (ex: Novice, où une vampire qui a le physique d'une enfant de 12 ans a beaucoup de relations sexuelle avec des adultes), je suis très dérangée par le fait qu'une personne sortant à peine de l'adolescence aie une relation avec un homme de 40 ans son aîné, même si cette relation est décrite comme absolument consentie, il y a toujours des rapports de pouvoir et de domination dans ces relations. Je ne comprend pas pourquoi Bulter, qui a toutes les cartes en main dans cette histoire, fait l'éloge de ce genre de relation, limite pedocriminelle.


Hors mis cela, j'ai hâte de lire le tome 2, et de voir comment va se créer la communauté de Semence de la Terre

Créée

le 29 déc. 2020

Critique lue 319 fois

1 j'aime

BlueX

Écrit par

Critique lue 319 fois

1

D'autres avis sur La Parabole du semeur, tome 1

La Parabole du semeur, tome 1
BlueX
7

Post-apo délicieux et petit malaise

Fiction écrite il y a 27 ans qui dépeint un futur plausible ... Les Etats-Unis s'entredéchirent, l'eau potable devient une denrée rare et chère, le diesel encore plus et il n'y a pratiquement plus...

le 29 déc. 2020

1 j'aime

La Parabole du semeur, tome 1
costalili
9

Dystopie post-apocalyptique et féministe

Enorme coup de coeur pour La Parabole du Semeur ! Octavia E. Butler montre à nouveau son talent pour l'écriture en proposant un univers post-apocalyptique terrifiant, rempli de suspense et de...

le 10 mai 2024

La Parabole du semeur, tome 1
alfredboudry
9

Ah, je savais bien que "La Route" de Cormack McCarthy..

.. était un plagiat. Lisez l'original. En VO. C'est meilleur. Et sinon, dans sa suite La Parabole des Talents, paru en 1998, à la page 18 de l'édition chez Headline, on trouve la description d'un...

le 23 juil. 2021

Du même critique

Moi les hommes, je les déteste
BlueX
9

Misandrie Power

Bon allez je l'attendais avec impatience celui là, ce genre de livre que tu gardes longtemps sur ta table de nuit avant de le lire car tu as envie de le savourer et de pas le consommer trop vite...

le 20 janv. 2021

9 j'aime

13

La Terreur féministe
BlueX
9

Quand on a besoin de courage

Discours radical tenu du début à la fin sur la légitimité de l'usage de la violence face aux patriarcat et à ses défenseurs. L'autrice site à tour de rôle plusieurs figures, d'abord fictives puis...

le 25 févr. 2021

7 j'aime

Les Orageuses
BlueX
9

Douce vengeance et sororités

Des meufs, harcelées, agressées, violées, vont reprendre du pouvoir sur leur vie en orchestrant quelques douces vengeances sur leurs agresseurs, mais également en se soutenant les unes les autres, en...

le 30 déc. 2020

7 j'aime