Au bord du suicide, le solitaire, pauvre et malchanceux marquis Raphaël de Valentin erre dans les rues, parmi les boutiques d'antiquités où sont réunies milles et unes preuves du passé.
Dans une boutique, un vieil antiquaire lui propose une peau de chagrin pour remédier à ses maux ; une vieille peau en cuir d'onagre censée exaucer les vœux de son possesseur, mais dont l'utilisation est conclue par un pacte avec le mal.
Si tu me possèdes, tu possederas tout. Mais ta vie m'appartiendra. [...]
Le propriétaire le met en garde ; la peau rétrécira au fur et à mesure de ses vœux, symbole de ses années perdues.
Raphaël, considérant ne plus rien avoir à perdre, use de son premier vœu et teste ainsi le fonctionnement de cette nouvelle possession.
Malheureusement, il ne se rendra compte que trop tard de toute l'implication de cette histoire.
Dans ce roman, Balzac nous sert une tartine de connaissances dans tous les sens et de personnages hautains qui poètent plus haut que leur luth, pour faire preuve de politesse. Le personnage principal n'est pas du tout attachant, et les nombreuses pages durant lesquelles il résume sa vie pourraient être raccourcies. Balzac nous engourdi joliment le cerveau en noyant sous un perpétuel flot de phrases creuses et peu utiles sinon à démontrer qu'il s'est fait plaisir.
En soi, la forme du roman, que ce soit l'écriture, les personnages, la narration, laissent à désirer. La peau de chagrin tend à être lue en diagonale. Et pourtant, Le Colonel Chabert n'était pas de ce goût là, ce qui laisse de l'espoir quant aux autres œuvres de l'auteur.
Le roman a tout de même un fond intéressant, contrairement à la forme. En effet, Balzac amène ici trois thèmes forts : la vie, l'amour et l'argent.
L'amour est représenté par la recherche incessante de la femme parfaite. Le jeune marquis se perd dans la contemplation des femmes, cherche son idylle, et s'imagine une femme froide, fière, et riche qui marcherait à son bras. Le sujet de la femme est un sujet qui revient souvent au cours du roman, que ce soit auprès de la comtesse Foedora, des prostituées ou de la belle Pauline.
L'argent est pointé du doigt par le biais du vice et du jeu, bien enracinés dans le Paris de l'époque. Mais également par l'approche qu'en fait Raphaël ; sans argent, vous n'êtes personne.
Pour finir, la vie est le thème principal autour duquel le roman s'articule. Elle est mise en avant à travers une confrontation entre la longévité et le désir. Le pouvoir et le vouloir consume l'être humain, tandis que le savoir le fait durer. Le désir peut donc être trouvé dans le savoir ou dans le pouvoir. Le choix aura des implications différentes sur la personne.
La peau de chagrin donnée à Raphaël va être la métaphore de ce concept. Non méfiant, il en usera plusieurs fois. Plus il désire et son pouvoir s'accroît, plus le cuir rétrécit, à l'image de sa vie aspirée.
Raphaël se rendra compte qu'il désire vivre et non plus mourir au moment où la peau de chagrin l'aura trop affaibli. Ses désirs passés de luxe, de pouvoir, de femmes l'auront rongé, son désir présent de vie l'abattra.
Le pouvoir et le vouloir fatiguent. Tout désir a un prix à payer, et le bonheur doit être renouvelé en permanence. Le cercle vicieux est vite rejoint ; en quête de plaisir et de bonheur, l'Homme ira toujours plus loin, toujours plus haut, mais la chute n'en sera que plus douloureuse.
Derrière une narration peu agréable à lire (de mon point de vue), Balzac aborde plusieurs sujets importants, dont une question éternelle sur laquelle l'être humain n'a toujours pas tranché : mieux vaut-il vivre longtemps mais peu intensément, ou vivre peu mais intensément ?