Le calme avant la Tempeste.
Publié en 1947 et auréolé d'un prix Nobel 10ans plus tard, La Peste d'Albert Camus nous plonge dans la ville d'Oran mise en quarantaine suite à la propagation d'une épidémie de peste bubonique. Sous forme de chroniques, les évènements quotidiens au sein de la cité sont relayés par divers protagonistes aux aspirations bien différentes. Ainsi, Rieux, un médecin, va tenter de soulager ses patients à l'article de la mort, le journaliste Rambert va essayer de fuir la ville algérienne par tous moyens quand Tarrou, un étranger de passage, va essayer de cerner le caractère humain des gens qui tentent de lutter contre le fléau. Autant de profils divers que de visions singulières offertes aux lecteurs.
Surtout que ne nous le cachons pas, A. Camus écrit très bien. Ses descriptions sont travaillées, ses personnages s'ancrent parfaitement dans la réalité et nous permettent d'assister à des dialogues humains, la montée en puissance de la maladie fait croitre l'intérêt du lecteur et enfin, on peut voir une analogie entre la peste et le nazisme. En effet, il est aisé de comparer la montée en puissance du nazisme dans les années 30 avec celle du fléau bubonique, tout comme la résistance qui s'organise pour endiguer la propagation de la maladie renvoie aux résistants qui ont lutté contre l'occupation sous le régime de Vichy. Même si ce message parait évident, ce n'est pas ça qui m'a plu dans ce livre.
J'ai énormément apprécié la dimension humaine. Comme je l'écris plus haut, les différents chroniqueurs de cette histoire ont tous leurs propres aspirations et raisons d'être et c'est vraiment cela qui anime le récit. Pourquoi Rieux lutte ainsi sans relâche au contact des malades alors qu'il risque la contamination ? Pourquoi et comment Cottard s'épanouit-il dans cette cité où rôde la mort ? Qu'est-ce que Tarrou cherche à se prouver en observant des gens désespérés ? Et d'une manière plus générale, la description de la population, de son acclimatation aux nouvelles moeurs et règles, la gestion des contaminés, des ressources (etc,) est vraiment très bien retranscrite par l'auteur.
Personnellement j'ai beaucoup aimé toutes ces descriptions d'êtres humains prisonniers d'une ville où sévit un mal insidieux, cruel et implacable. Un ennemi invisible qui frappe sans faire de distinction et qui apparait comme invincible. Les descriptions de la peste par Camus sont vraiment savoureuses. Ca m'a fait du bien de lire un bouquin écrit en bon français et ça m'a vraiment décrassé des oeuvres anglo-saxonnes traduites ensuite dans la langue de Molière. Bref, vous l'aurez surement compris, La Peste est un livre qui m'a plu et que je recommande assurément à ceux que le thème peut intéresser. Ou alors simplement aux curieux qui veulent savoir ce que vaut un prix Nobel de littérature.
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