La Petite Communiste qui ne souriait jamais par Nobodisme
Lola Lafon nous plonge dans l’enfer idyllique de la période communiste en Roumanie. A la fois pris d’entrain par le travail accompli de la jeune Nadia Comaneci et pris d’émoi par la politique de l’état roumain, l’auteure nous transmet son admiration pour la petite gymnaste. Il est incontestable, Nadia Comaneci a du talent, je fus émerveillé de découvrir les acrobaties, les postures, la gestuelle de cette gamine de 14 ans qui remporta de nombreuses médailles. 10 ! La perfection incarnée ! La note parfaite ! Ce bout de femme entraînée jour et nuit, dont la vie fut réglementée dans les moindres détails, observée, traquée par son entraîneur Béla. Mais cet ouvrage n’est pas une biographie, ne vous y trompez pas, nous sommes bien face à un roman dont la fiction n’est pas à douter, l’auteure le précisant en avant-propos. La fiction apporte toujours son lot d’idéologie et en cela, Lola Lafon n’en est pas épargnée.
L’auteur, d’origine franco-russe-polonaise, est une militante antifa, féministe et anarchiste. Ces idéaux se ressentent tout au long du roman comme nous allons le voir.
Lola Lafon nous conte l’histoire de Nadia Comaneci, du moins sa version biaisée par les idéaux cités précédemment. Jeune néophyte que je suis, je fut en doute permanent lors de ma lecture. En effet, ne connaissant pas la jeune gymnaste, ni le contexte politico-économique de la Roumanie et du monde de l’époque, j’en découvris une partie par le biais de l’auteure. Ce livre nous pousse à se renseigner, à lire davantage, à mieux connaître la situation de l’époque, les enjeux politique, géo-politique et économique du monde et plus précisément de la Roumanie.
Un point important à souligner est que nous en apprenons autant sur l’auteur que sur le sujet du livre : Nadia Comaneci. En effet, leur dialogue fictif démontre toute l’hystérie féminine de l’auteure qui est à la fois maternel, féministe en puissance s’indignant sur les pratiques de l’entraîneur, sur la condition de vie de la petite, et à la fois anarchiste, dénonçant sans cesse les régimes mis en place, qu’il soit communiste, socialiste, conservateur ou libéral. Lola Lafon s’insurge sur cette Nadia fictive, qui malgré sa non-existence, n’hésite pas à la remettre en place provoquant dans l’écriture une sensation de remord, une sorte de conflit intérieur pris entre l’admiration et l’indignation qui cherche tout deux à s’exprimer et dont aucun n’y parvient véritablement.
Ce que nous pouvons regretter du livre est la vulgarité exprimée par le personnage de Béla, l’entraîneur. Loin de moi l’idée d’être indigné face à de la vulgarité, mais celle-ci dénote totalement avec le reste du livre où l’écriture est plus soutenue, mieux tournée, mieux mise en scène. Le vulgaire ne va pas à tout le monde et Lola Lafon n’est clairement pas faites pour être vulgaire. Tout ceci n’enlève pas le talent de l’auteure qui est parvenue à m’intéresser sur le monde de la gymnastique. Je vous conseille donc vivement ce livre.
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