Tout est parti d'une petite étincelle, l'auteur, en marge d'une oeuvre plus importante eût une petite idée, qui devait prendre une à deux pages dans un récit plus ample. Mais au fil du temps, de ses divagations, cette petite idée germa et devint La Petite Lumière. Récit allégorique qui, quand on regarde le bref résumé, semblerait comme être une variation contemporaine du Désert des Tartares : un homme isolé, dans un milieu dé-socialisé, attends et guette un signe. Ce signe ici, ce n'est pas l'imminence de l'invasion barbare, qui viendrait donner sens à sa vie, mais une lueur, dans le lointain nocturne de la forêt avoisinante. La quête afin de comprendre, de saisir l'essence de cette mystérieuse luminosité est donc le fil conducteur de ce bref récit.
Sans révéler la maigre intrigue qui, au fond, importe assez peu, il convient tout de même de préciser que pour un récit allégorique fonctionne, encore faut-il la piger, la vaste métaphore. Dans le désert des tartares, la simplicité apparente du récit, la répétition m'a semblé limpide, métaphysique et même concrètement applicable (le paradoxe de l'inertie : passer sa vie à attendre le changement, et dès lors être acteur du fait qu'il n'adviendra jamais). Ici, le tout m'a paru bien plus évasif ou, tout au moins, étranger. Le rapport enivrant à la nature, qui aère - attention, je dévoile - la rencontre progressive avec le bambin ermite m'ont semblé assez lointaines, goûtant assez peu moi-même de ce rapport indicible aux plantes vertes. Par ailleurs, en tant que métaphores, là aussi, de la vie, les plantes et la description de leur pousse à priori chaotique ne m'a pas percuté sinon devant l'assez plat constat que la vie est imprévisible et irréductible à quelques concepts simples.
Des rencontres avec le garçon, énigmatiques derrière leur apparente évidence, j'attendais plus cependant. Pour poursuivre ma lourdingue comparaison, j'eus au final l'impression que là où j'escomptais du Buzzati, j'eus finalement droit à du Shyamalan. Ainsi, les révélations successives n'ont pas soulevé chez moi d'autres lièvres que ceux d'un récit qui se twiste, sans double-fond.
Oui, le bambin vit seul, et va à l'école. Du soir. Car il est mort. Et, au final, ce garçon-fantôme, ce n'est autre aussi que le narrateur.
Du moins ai-je crû comprendre dans un final qui ajoute au twist de petit-malin un mystère lynchéen - combinaison à mon sens hasardeuse, qui cumule à l'impression de s'être fait flouter, celle d'une prétention sibylline.
Point d'éclaricissement chez moi, donc, sinon celui frustré d'avoir l'impression que cette petite étincelle n'a pas été suffisamment exploité, elle qui promettait aux détours d'un virage burlesque (l'immigré d'Europe de l'Est et sa surréelle fascination ovniesque) ou d'une candeur intrigante (quid de ce gamin : qui est-il et que symbolise t-il?) bien plus que cette lecture noctambule à la bougie et qui accompagna mon entrée dans le royaume des songes une petite semaine - c'est déjà ça de pris, la lumière où on la voit.