Mais il est une mollesse de l'atmosphère qui rend plus sensuel que
l'orage ou la tempête, une modération du bonheur plus énervante que le
malheur. La satiété irrite autant que la faim, et la sécurité,
l'absence de danger dans sa vie éveillait chez Irène la curiosité de
l'aventure.
Irene, jeune bourgeoise, mère de deux enfants, et mariée à un mari avocat qu'il l'aime, trompe ce dernier avec un jeune musicien à succès, non pas par passion, ni par amour, mais juste pour se divertir... Mais elle va voir son petit monde s'effondrer d'un coup lorsque une femme qui se dit la maîtresse de son amant commence à la faire chanter. Les sommes demandées vont à chaque fois augmenter, le temps entre les demandes diminuer. La protagoniste, n'ayant pas le courage d'avouer sa faute à son mari, va peu à peu plonger dans un cercle infernal...
Stefan Zweig est la garantie totale qu'on ne va pas s'ennuyer du tout. C'est aussi la garantie qu'on va avoir le droit à une finesse psychologique impossible à prendre en défaut. Mais là franchement, l'idée de départ est incroyablement accrocheuse et la protagoniste un personnage auquel on s'attache totalement, malgré ou grâce à ses défauts, et dont on comprend les réactions, même les plus extrêmes. Le personnage du mari aussi est lui aussi très réussi. La révélation finale, autour de laquelle l'auteur n'essaye pas du tout de faire du suspense ou de nous la cacher, sachant que l'intérêt est ailleurs, d'ordre psychologique, ajoute une profondeur supplémentaire.
On ne lit pas rapidement, on dévore carrément. Pour moi, clairement une des meilleures œuvres du futur auteur de La Pitié dangereuse. J'ai adoré.
La peur est pire que la punition, car cette dernière est précise ;
importante ou minime, elle est toujours préférable à la tension
horrible et diffuse de l'incertitude.