Avec Le Nom du Vent, l'écrivain Patrick Rothfuss traçait les lignes d'un univers d'héroic-fantasy singulier. Revenu de l'idée de faire un récit avec toute la batterie de repères supposés inhérents au genre, Rothfuss envisagea cette longue introduction comme le moyen de secouer le cocotier.
Avec patience, l'auteur bâtit cette nouvelle arche du merveilleux avec une base nettement plus "terre-à-terre" mais suffisamment solide pour que les incursions du fantastique s'y intègrent avec harmonie.
Le deuxième chapitre des aventures du mystérieux Kvothe (Kote dans le présent) fut subdivisé en 2 parties. Choix éditorial ou vraie inquiétude quant à la taille potentiellement décourageante de l'ouvrage (1200 pages !), le fait est que bien des choses intronisées dans le premier volet allaient être développées : entre autres les Chandrians, Denna, le départ de l'Université, le "Tueur de roi" du titre,...
Comme tout bonne suite qui se respecte, la cadence s'accélère légèrement. Les deux tiers de l'œuvre cumule les rebondissements, certains jouant du suspense d'autres de l'humour, rendant la lecture encore plus agréable que le premier tome. Évidemment, je ne rentrerai pas dans les détails pour ne pas gâcher le plaisir des curieux. Sachez juste que Ambrose reste un point essentiel autour duquel vont graviter certaines parties, et d'autres autour de l'excentrique Elodin. D'un autre côté, l'ouvrage approfondit les thématiques autour de la césure réalité/légende qui conditionne les connaissances ou croyances, parfois pour le meilleur parfois pour le pire. À ce titre, la présence d'un narrateur intradiégétique offre une habile mise en abyme de cette fiabilité relative. À écouter notre héros aubergiste, saper le superbe et l'emphase est nécessaire puisque le temps et la tendance à surévaluer le surnaturel aux histoires humaines ont fini de les dénaturer.
Cette seconde section est de grande qualité, écrite avec malice et intelligence dans sa manière de bousculer par petites touches le quotidien de nos personnages. Je suis par contre un chouïa plus critique concernant l'arc narratif avec Denna qui me semble un peu engoncé dans une mécanique instituée dans le premier. Enfin jusqu'aux 100 dernières pages, qui amorcent un virage (semble-t-il).
Dans le dernier tiers, La Peur du sage (1ère partie) rabat les cartes en sortant Kvothe (et le lecteur) de sa zone de confort pour ouvrir la voie à de nouveaux sillages. Le livre s'achève alors que certains nouveaux protagonistes à double-face se révèlent, et que le danger plane sur notre héroïque vagabond. À suivre, comme on dit...