Lu en Janvier 2020. Édition Biblio lycée (beaucoup de notes et de docs complémentaires). 6/10
Dans le cadre de l'étude de la princesse de Montpensier en cours de Terminale L, on m'a invité à lire LA grande œuvre de Mme de Lafayette.
Et c'est pour le moins un conseil judicieux car les deux textes sont notoirement parents. L'histoire de ce roman se situe une dizaine d'années avant celle de la nouvelle soit vers 1560. Les protagonistes semblent quant à être la version mature des jeunes batifoleurs de la nouvelle. En effet, notamment la princesse bien que emportée par son inclination irrésistible pour M. De Nemours tentera de manière intelligente de conserver son respect et sa galanterie pour son mari.
Mais si seulement il n'y avait que les protagonistes.... Et c'est le principal écueil du roman, les deux premiers chapitres sont consacrés à une présentation des manières et personnages de la cour d'Henri II et c'est à croire qu'ils sont tous présentés. On s'y perd largement pour qui ne vit pas à l'époque de Mme de Lafayette ou n'est pas spécialiste de l'Histoire du XVIème. Si bien que cette première moitié de roman est laborieuse, les pages passent lentement et on ne voit pas où on veut nous emmener. La narration en tiroir est originale mais sans intérêt particulier et l'histoire dans sa globalité n'est pas passionnante. Finalement les deux derniers chapitres se focalisent plus sur le Trio Princesse-Son Mari-M.De Nemours son amant. On se fait embarquer plus facilement dans cette relation de non-dits et de litote à n'en plus finir. Mme de Clèves est en effet plus probe que la princesse de Montpensier, on a un certain attrait à sa personne mais elle finit par en faire trop comme toutes ces précieuses ridicules. M. De Nemours est aussi moins brute que le Duc de Guise mais il n'en reste pas moins relativement pathétique et sa cour est sans excitation ni intérêt pour nous. M. De Clèves enfin est un mélange entre Chabannes et le Prince de Montpensier. On a pitié de lui parce qu'il devient vite sacrement abruti.
En bref, pas d'éclats de génie dans ce roman "fondateur", surtout beaucoup de longueur, dû à une assez impressionnante précision historique. Néanmoins, une fois embarqué dans le roman et en relation avec la nouvelle, cette œuvre présente un intérêt dans la culture littéraire de tout bibliophile quel qu’il soit.
"Je suis vaincue et surmontée par un inclination qui m'entraîne malgré moi."
"Je pensai hier tout ce que je pense aujourd'hui et je fais aujourd'hui tout le contraire de ce que je résolus hier".
"Ne me contraignez point à vous avouer une chose que je n'ai pas la force de vous avouer, quoique j'en aie eu plusieurs fois le dessin."
"Si je n'étais point aimé, je songerais à plaire, mais je plais, on m'aime, et on me le cache."
"Je vous adore, je vous hais je vous offense, je vous demande pardon je vous admire, j'ai honte de vous admirer. Enfin il n'y a plus en moi ni de calme ni de raison."