Il y a quelque chose de frustrant à lire La puissance et la gloire. Car tout, dans cette œuvre, donne l'image du grandiose, du monumental : ce titre aux résonnances épiques et héroïques, l'histoire de ce catholicisme chassé et de ce prêtre prêt à faire de la résistance malgré ses choix de vie discutables, son auteur... Et pourtant... Pourtant on erre au milieu d'une histoire médiocre, avec ce prêtre complètement vile, presque servile ; on erre au milieu de la bassesse, de la lâcheté, de la vie la plus animale, de la boue, de la pauvreté et de l'absence même de considérations théologiques, religieuses ou philosophiques... On voudrait prétendre à la grandeur, et on ne fréquente que la petitesse.
Je me rends bien compte, d'autant plus en l'écrivant, qu'il y a un décalage conscient et voulu de Graham Greene entre son titre et son histoire. La religion comme plus haut sommet de la civilisation humaine, visant la pureté et le Divin d'un côté ; et puis ces hommes d'église, faibles dans leur chair, avides de pouvoir et de richesse, partagés entre leurs croyances et leur humanité de l'autre.
En ce sens, le livre est un ouvrage réussi, à n'en pas douter. Mais l'effet qui persiste suite à sa lecture reste le malaise, l'écœurement presque ; mais un malaise et un écœurement sans objet, sans cible. Ce n'est pas ce curé qui nous dégoûte, ni même la société mexicaine de l'époque ou les gens qui croisent la route du personnage suivi. Ce qui dégoûte seulement, c'est le décalage fait entre les promesses de l'auteur et l'effectivité de la lecture. C'est la déception.
Qui sait, c'est peut-être le même malaise, le même écœurement qu'ont pu ressentir tous ces croyants trahis par ces prêtres faibles et lâches ; peut-être était-ce, aussi, une volonté de l'auteur. Mais j'ai peur de surinterpréter le texte, et je vais m'en tenir à mon 6. Je n'hésiterai pas à changer ma note si quelqu'un me convainc que je ne surinterprète pas, mais que je cerne bien les volontés de l'auteur.