Et si la reine d'Angleterre en personne se mettait à lire, après 50 ans d'un règne fait de voyages et de rencontres avec les puissants de ce monde, certes, mais empli de platitudes et de banalités diplomatiques ? Et si la personne la plus exposée du monde se mettait enfin à la place des autres et éveillait sa sensibilité grâce aux grands auteurs classiques (Hardy, Dickens, Brontë) ? À mesure que la lecture s'immisce dans sa vie, elle lâche du lest à sa famille et se désintéresse de ses visites protocolaires barbantes à souhait, puis se met à avoir des pensées universalistes qu'elle note dans un carnet, ce qui n'est pas du goût de ses ministres, car elle n'est plus aussi manipulable qu'auparavant... Pensez donc, elle songe même à écrire à son tour ! Ce petit ouvrage à la chute savoureuse parle des écrivains mais en dit beaucoup sur leurs lecteurs : la reine refuse de lire Jane Austen, par exemple, parce que la fonction de reine outrepasse tellement les conditions de femme et d'épouse qu'elle ne peut rien tirer de ses ouvrages ! Ça se lit vite, c'est sans prétention et il y a de jolies trouvailles.