La Religion est un livre imposant, du genre qu'on est content d'avoir lu mais qu'on est pas prêt de recommencer.
Le principal problème est sa longueur et le rythme qui en découle. le format de poche dure 950 pages alors que tout aurait pu tenir en 600 pages. Qu'y a-t-il en trop ?
Premièrement, bien que le côté historique du roman historique soit intéressant, on avait pas besoin de connaître, un par un, chaque jour du siège. Arrivé à la fin du récit, l'auteur commence à sauter des jours et des semaines, résumés par des ellipses, et ça le rend tout de suite plus agréable à lire, malheureusement trop tard.
Deuxièmement, les descriptions de champs de bataille sont réalistes mais répétitives. Quand on a compris que tout est en ruine, couvert de sang, de matière fécale, de vomissure et de cadavres, il est utile de nous le rappeler de temps en temps mais pas de nous pondre à nouveau deux pages de description à chaque fois qu'un personnage pose les yeux sur la guerre en cours.
Ces deux lourdeurs, très présentes et difficiles à ignorer, sont les principales causes de mon avis mitigé, mais on pourrait y ajouter une troisième : le personnage principal. Celui-ci fait un peu tâche en pleine Renaissance ; un athée blasé au milieu d'une guerre de religion, mais qui finit par choisir un camp et sauver la veuve et l'orphelin ; j'ai trouvé la ficelle un peu facile et trop réminiscente d'un héro de film Hollywoodien.
Le prologue est pourtant accrocheur et dynamique, puis l'histoire démarre sur un rythme plus moyen. Les personnages sont intéressants lorsqu'il sont éclairés par des décisions importantes – ce qui n'est pas toujours le cas. Si l'intrigue ressemble d'abord à un triangle amoureux entre le héro (Tannhauser) et ses deux femmes (Carla et Amparo), rassurez-vous, elle change vite de direction ; ils viennent tous trois à Malte pour y chercher un jeune garçon (Orlandu), avant d'être rattrapés par la guerre ; celle-ci occupe la majeure partie de ce roman et l'auteur n'est timide ni sur le sexe ni sur la violence.
Le titre du livre, La Religion, est bien choisi : c'est le nom que se donne l'ordre des chevaliers de Saint-Jean, ou ordre de Malte, ou Hospitaliers ; mais c'est aussi une référence plus large à quelque chose d'indissociable de toute pratique religieuse, la guerre. Ici, deux camps vont s'écharper pour un bout d'île minuscule au milieu de la Méditerranée, et notre héro ne veut rejoindre aucun camp si ce n'est celui du profit personnel.
Quand l'intrigue bouge, elle est captivante ; malheureusement elle reste immobile trop longtemps durant le siège. le protagoniste finira par rencontrer son antagoniste assez tard, mais dès lors, l'intrigue laissera la guerre de côté pour revenir aux personnages. Vers la fin, l'histoire accélère, et ce un torrent d'action se conclue de manière tragique et bouleversante.
Je suis ravi d'avoir lu ce livre ; j'ai appris un petit bout d'histoire passionnant ; certains personnages m'ont touché ; mais trop de longueurs me sapent le courage de recommencer pour le tome deux.