« Proverbe japonais », vérité universelle…
Et le "clou", c’est qui ?
Ici, c’est Joséphine !... Oh, pourtant elle est bien modeste, Joséphine, elle est bien effacée, de nature, de naissance, génétiquement programmée par des générations de femmes soumises à leur mari japonais tout puissant. Car Joséphine, la bretonne, est la fille d’un couple de japonais qui, justement, a fuit son pays pour que leur enfant (ce sera une fille !) échappe à la tyrannie machiste nipponne.
Non, ce n’est pas une blague, rien d’exagéré là-dedans. Une anecdote perso : un jour (un soir), ma femme et ma fille se sont trouvées dans un cabaret parisien, lors de l’arrivée d’un Tour-operator de japonais prévu pour assister à une partie du spectacle, et bien, tous les hommes se sont assis et les femmes sont restées debout, au garda vous, derrière eux, déjà bien heureuses d’être là, tout sourire, alors que leurs Jules tiraient des figures de thanatopracteurs…
Bien, revenons à Joséphine. Pourquoi est-elle un clou qui dépasse ? Parce qu’à trente-quatre ans elle est Cheffe de partie poisson dans un "trois étoiles" parisien ! Qu’est-ce que c’est que ce truc ? La cuisine, c’est sa passion, c’est toute sa vie :
« Je teste, j’essaie, je rate. Brouillonne dans la vie, je me découvre précise en cuisine. La gourmandise ne m’intéresse pas. Ce que j’aime, c’est l’association d’idées. »
Anne de Kinkelin nous explique que dans les cuisines des restaurants gastronomiques étoilés, tout est très hiérarchisé. Ce n’est pas pour rien que le personnel de cuisine forme une « brigade » sous les ordres d’un Chef – qui reçoit comme accusé réception à ses ordres le fameux « Oui, Chef ! » bien hurlé et articulé par tous – et d’un Sous-chef. Laquelle brigade est elle-même divisée en « Parties », partie viande, partie sauce, partie pâtisserie, partie poisson (assez peu prisée à cause des odeurs, des viscères, etc.)… Et chaque partie gouvernée par un Chef de partie (ça va de soi) … D’où notre Joséphine, Cheffe de partie poisson ! (CQFD)
Elle s’est drôlement documentée notre autrice.
Anne de Kinkelin est journaliste et écrivain. Elle obtient son Master en journalisme en 2003 à l’Institut International de la Communication de Paris. Dès 2000, elle travaille pour les Éditions de Tournon. En 2006, elle effectue un remplacement au poste de rédacteur en chef pour le groupe Bleucom, qu’elle occupe jusqu’en 2007. Elle est alors nommée rédactrice en chef permanente du site joyce.fr, le premier site du luxe sur le web. En mai 2008, elle est promue rédactrice en chef adjointe d’aufeminin.com. Elle est actuellement Directrice du Parisien TV.
Et Joséphine dans tout ça ?
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans la cuisine du Palace, toute la hiérarchie est au masculin ! C’est un monde d’hommes. Et, c’est bien connu, les hommes tiennent à leur suprématie, et c’est normal puisqu’ils sont les meilleurs :
« Quand les femmes font une cuisine traditionnelle et classique, on dit que c’est de la cuisine de maman. Quand les hommes le font, on applaudit parce qu’ils révisent le répertoire. »
Alors, si une femme vient à s’aventurer dans cette arène, si elle veut survivre au milieu des taureaux, elle a tout intérêt à « Être nulle et, du coup, ne pas être une menace pour le chef en place. Coucher avec le sous-chef ou le chef… Plus classique mais visiblement efficace. » Seulement voilà ! Joséphine n’est pas nulle, loin de là, elle serait même exceptionnelle, ce qui fait d’elle « un clou qui dépasse », et comble de malheur : elle ne couche pas ! Du moins, pas avec le chef, ce qui le met dans tous ses états – comme s’il avait besoin de ça ! – et bien sûr il va passer ses nerfs sur la pauvre Joséphine…
Je ne vous en dirai pas plus, sinon que j’ai adoré tout les détails relatifs à la confection des plats, moi qui depuis plus de vingt ans suis le Chef incontesté de ma propre brigade et règne en maître dans MA cuisine. Pour faire respecter ordre et discipline j’ai soigneusement sélectionnés mes chefs de parties, ils me sont tout dévoués. Je n’ai même pas besoin de formuler mes ordres, ils me devancent… même ma femme n’ose pas trop s’aventurer dans la cuisine quand j’officie !
J’ai moins aimé la fin, mais c’est à vous de juger.