iégor est un jeune garçon de 10 ans envoyé par sa mère suivre les cours de l'école de la ville voisine afin d'y acquérir une solide éducation. Voisine c'est vite dit, cette dernière se situant à plusieurs jours de route.
Et c'est bien ce voyage, vu à travers les yeux de cet enfant qui compte ici, lui et la steppe bien sur. Peu de place pour le déchirement de se voir séparé de sa mère à cet âge tendre, on comprend que Iégor est orphelin de père mais l'on en saura pas plus sur son jeune passé. Cela n'est pas nécessaire, Tchekhov est là pour nous faire sentir la steppe, son immensité, sa beauté et en même temps la terreur que l'on peut y ressentir, comme seul au monde la nuit, sous les roulements d'un terrible orage.
Ce voyage se fera en deux parties.
La première en calèche menée tambour battant par le cocher Denitski, resté un grand enfant dans sa tête. Aux côté de Iegorouchka, son oncle Ivan, un marchands aux airs toujours préoccupés, et le père Christophore, vieil homme d'église aux allures de Robinson Crusoë slave. On prend des chemins qui semblent ne jamais finir, on se repose de la chaleur étouffante au bord d'un cours d'eau, on croise une jeune fille qui chante.
La suite et fin de ce lent périple, Iégor le fera en compagnie de plusieurs rouliers qui escortent une caravane de marchandises jusqu'à la ville, but final de tous nos personnages. Le jeune garçon se voit accompagné de six hommes aux âges et aux passés tous différents mais qui se rejoignent sur deux points :
- La steppe ils la connaissent bien.
- Et, comme le dit si bien Tchekhov, enfin Iégor "Pendant le repas, la conversation fut générale. Elle permit à Igor de comprendre que ses nouvelles connaissances, en dépit des différences d’âge et de caractères, avaient un point commun : tous avaient un beau passé et un bien mauvais présent."
Et c'est dans cette seconde, et plus longue, partie du roman que tout devient si slave. Les paysages bien sur, mais les caractères, les histoires racontées au coin du feu, surement trop belles ou horribles pour être vraies mais auxquelles tout le monde croit un peu quand même, des sentiments exacerbés, de la violence à l'amour fou ressenti si fort que l'on ne peut s'empêcher de vouloir le raconter à tout un chacun.
Ce sont des chantres qui n'ont plus de voix, des orages qui vous donnent la fièvre, des dépouilleurs de marchands avec de longs couteaux effilés et un dieu qui sauve lorsqu'on le prie avec assez de ferveur.
La Steppe c'est un lent voyage, mélancolique et tout de même drôle en de fugaces moments mais qui mérite que l'on s'y attarde, étape par étape en se laissant imprégner de la douce atmosphère qui s'en dégage.
Essayez.
Et je vous fait le pari que sans jamais y avoir mit les pieds, vous l'aurez un peu visité cette steppe.
Même si au moment de refermer le livre vous vous retrouverez comme Iégor : seul.
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