La recette Lodge, petite musique aux ingrédients sympathiques sans trop de surprises : un ou deux professeurs d’université, quelques étudiantes, quelques qui pro quo, quelques petits chocs entre société civile et mon académique - le tout avec humour. On s’y glisse, on s’y distrait ; puis on en sort, doucement souriant, sans trop d’immenses souvenirs peut-être, quelle qu’en soit l’intelligence ou le sens d’observation.
Et la petite musique semble tourner à vide cette fois, un professeur d’université à la retraite vaguement poursuivi par une étudiante préparant un doctorat de linguistique sur les lettres de suicidés... Petit monde britannique hors Londres, pas désagréable, douces observations sur la difficulté de la surdité, mais le bâillement guette parfois... La crainte d’une campus novel sans rythme, comme offerte à la ligne, payée au mot... Et les petites observations sentent parfois un peu le renfermé ou la naphtaline - il y a de quoi rire (un peu) avec le principe d’un centre de vacances à la Center Park, mais ce n’est pas d’une acidité ni originalité profonde, pas de quoi tenir avec force & rythme un ou deux chapitres entiers...
Mais finalement un peu d’intérêt surgit dans une certaine délicatesse au quotidien, le journal intime d’un jeune retraité se glissant dans le troisième âge. La douleur désagréable de ne pas bien entendre. L’inquiétude de sentir son père perdre pieds, sans savoir comment le persuader de rejoindre la maison de retraite. Les petites pensées sur les enfants, petits enfants, épouse aux envies parfois différentes, à la tendresse patinée et douce comme les années déjà si nombreuses passées ensemble.
La forme façon journal intime prend alors un peu plus d’impact, elle qui semblait artificille au début et tueuse de rythme pour un semblant d’intrigue. Certes, le rythme reste un peu flottant parfois, les poussières de péripéties séducto-sexuelles à base d’étudiante piques un peu les yeux... Mais la petite voix d’un quotidien cherchant ses marques dans l’âge avançant se dessine tout de même, quelques beaux détails, quelques pensées justes, un brin de ressenti. Les récits de groupe pour apprendre à lire sur les lèvres perdent peu à peu leur caractère folklorique pour blagounettes faciles, et touchent une certaine douceur apaisée qu’on ne soupçonnait pas dans les premières pages. Une maturité paisible s’y dessine, une détente en groupe, un petit plaisir, et la vision d’un académicien reconnu appréciant de bon coeur d’apprendre quelques anecdotes sur la Tour de Pise sonne alors très touchante, très paisible...