Un marin terrestre
Cette saison, plusieurs écrivains ont choisi d'évoquer la figure du père : Amélie Nothomb, Sorj Chalandon et Marc Dugain, entre autres. Hasard sans doute, et nécessité pour des auteurs dont les...
le 30 sept. 2021
3 j'aime
Certes, le portrait du père est en effet animé par une volonté de fer durant toutes ces années d'enfance et d'adolescence, (il ne faut cependant pas oublier qu'il est "considéré" et "sauvé " parce qu'il est un élève exceptionnel).
Ses parents (mais pas le frère et la sœur) font également l'objet d'un portrait, chacun est même précisément caractérisé. Ils incarnent la classe sociale pauvre.
Le même modus operandi sera repris lors de sa présentation à la famille de sa future femme , où tous les personnages font partie de la bourgeoisie.
Une fois cet antagonisme de classe posé et vaguement résolu, le couple s'unit, faisant vœu d'une parfaite égalité entre eux, ce qui ne sera jamais démenti, et part à l'aventure, (« En France, leur couple fondé sur une dynamique de l'inconnu est des grands espaces n'aurait pas survécu ») s'éloignant le plus loin et le plus longtemps possible de leurs familles.
Alors l'Histoire, qui n'a jamais cessé d'être présente, prend toute la place et le portrait du père devient pendant de longs chapitres portion congrue, marionnette soumise aux soubresauts du siècle. On peut être étonné par les choix éthiques du couple mais qui sont en fait des choix purement égoïstes, revanchards ? (vivre en Nouvelle-Calédonie, puis au Sénégal, pour ensuite par travailler dans le nucléaire puis devenir un agent du renseignement intérieur pour le père, et être une femme d'affaire puissante du marché de l'eau pour la mère Ces deux-là passent leur temps à recevoir où à voyager. Il y a aussi deux enfants dans leur vie, dont l'existence est occultée pendant une bonne partie du roman par la vie très occupée des parents; en fait, le père, dans son attitude, reproduit peu ou prou le comportement de son propre père; l'existence de l'aîné restera au stade de l'évocation, le second (le narrateur) sera plus considéré car il fait une sérieuse crise d'adolescence qui oblige son père à subir le moment ou son enfant est viré du lycée, "Cet épisode fait au père l'effet d'une cérémonie militaire de dégradation. "
Mais les voyages reprennent de plus belle, et l'adolescent de s'enfoncer...jusqu'au retour dans le rang où "Les parents retrouvent de l'intérêt pour leur fils". Puis le père et le fils se retrouvent et construisent ensemble un échange riche et complice.
J'ai plus eu l'impression de lire un digest de l'Histoire du XXème siècle, que d'aller réellement à la rencontre du personnage que fut son père. L'auteur en parle peut-être le mieux quand il est mourant, ou pendant les cent premières pages c'est à dire quand il vainc partiellement petit à petit sa poliomyélite. Oui cet homme dans ces moments est un modèle de volonté et de courage, soucieux des autres, mais autrement, il est un parangon d'individualisme. Le livre manque dans l'ensemble de psychologie, celle-ci arrivant toujours sur le tard. Autre élément curieux qui accentue l'aspect désincarné de l'ensemble, aucun personnage n'a de prénom. France, société anonyme ?
Créée
le 29 janv. 2022
Critique lue 173 fois
1 j'aime
D'autres avis sur La Volonté
Cette saison, plusieurs écrivains ont choisi d'évoquer la figure du père : Amélie Nothomb, Sorj Chalandon et Marc Dugain, entre autres. Hasard sans doute, et nécessité pour des auteurs dont les...
le 30 sept. 2021
3 j'aime
Certes, le portrait du père est en effet animé par une volonté de fer durant toutes ces années d'enfance et d'adolescence, (il ne faut cependant pas oublier qu'il est "considéré" et...
Par
le 29 janv. 2022
1 j'aime
Dans ce roman Marc Dugain raconte pour la première fois son père, mort il y a 36 ans, dont la vie fut particulièrement romanesque. C'est un sublime portrait d'homme et de père. Un portrait pudique et...
Par
le 8 mars 2022
1 j'aime
Du même critique
La montée en puissance de Ryūsuke Hamaguchi ne cesse de s'amplifier ; « Passion » était encore joliment timide, « Senses » avait à mon goût un côté trop...
Par
le 31 août 2021
11 j'aime
24
"Tàr" est la collusion ratée entre la volonté de confronter un vieux monde (une certaine notion de la musique classique) avec l’actuel, biberonné au wokisme. Cela donne, par exemple : "Je ne joue pas...
Par
le 16 nov. 2022
8 j'aime
24
Eo est un joyau, un geste cinématographique sidérant, tant sont concentrés, dans un montage serré, des plans forts en à peine une heure vingt. Jerzy Skolimovski dit à la fin du film qu’il l’a fait...
Par
le 29 nov. 2022
6 j'aime
18