Un premier tome plutôt intéressant, même si la redite devient lassante.
Même procédé que pour les deux générations précédentes : des hommes affiliés à une organisation mystérieuse poursuivent mortellement de jeunes héritiers, ces derniers organisant leur temps entre combats désespérés, recours à des talents particuliers, cachés ou déjà développés, et enquête sur les motivations de leurs agresseurs.
Le style de Pierre Grimbert reste fluide et précis. Sans surprise également.
Les intrigues avancent doucement et la psychologie des personnages se développe par l’intermédiaire de remises en questions nombreuses et souvent longues. C’est d’ailleurs le point faible de ce premier tome. Un nombre conséquent de pages est consacré aux introspections des héros, qui devant la survenue d’un don caché, qui face à des pulsions encombrantes, avec pour chacun cette propension exaspérante (prétexte au développement de l’intrigue) à conserver par devers lui certains aspects de sa personnalité. Si on peut comprendre que certaines motivations ou comportements se doivent d’être occultés, il en est tout autrement pour d’autres. Les personnages de Pierre Grimbert ont toujours eu ce côté enfant gâté capricieux, immature et parfois involontairement égoïste : comment définir autrement une adolescente attentionnée d’un côté, capable de comprendre ce que les autres ressentent avec autant d’acuité qu’un psychologue accompli, et qui garde secret un talent, par honte ou par peur de l’accepter, alors que ledit talent constituerait un talent déterminant pour le groupe ? Un faux suspense s’installe parfois et les héros attisent davantage l’exaspération du lecteur que la compassion recherchée. L’aptitude de Pierre Grimbert à fouiller la psychologie de ses personnages a maintes fois été louée, c’est l’un de ses points forts. Cette fois, pourtant, on a le sentiment qu’il a abusé du procédé, comme s’il avait dû combler les creux d’un scénario pas assez étoffé, au détriment du dynamisme de l’histoire.
Un premier tome bien construit mais lassant à force de servir les mêmes recette que par le passé et de son insistance à développer les questionnements torturés de ses protagonistes.