Un tas de cuites
Ce roman polyphonique est une plongée absurde dans la banalité de la violence, telle qu'elle est perçue par des nazis en quête d'amour et par des juifs en quête de... de rien. C'est que les...
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le 3 juil. 2024
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Martin Amis raconte ici une histoire d'amour dans le camp de concentration Kat Zet I en Pologne. Un SS s’éprend de la femme du Kommandant du camp et tente de la séduire. Mais ça c'est le début, ce qui pique notre curiosité car le reste est tellement plus que ça ! Avec une virtuosité incroyable l'auteur nous pousse dans nos retranchements, nous malmène, nous questionne et nous déstabilise.
On est tour à tour dans la tête du SS, du Kommandant et d'un détenu membre du Sonderkommando.
Ce roman réussit le tour de force de nous mettre à la place des nazis. On a déjà pu faire cette expérience glaçante grâce au livre Les bienveillantes de Jonathan Littell. Mais Martin Amis va beaucoup plus loin là dedans. Grâce à un large panel de personnages il présente toutes les nuances du nazisme et insiste sur le fait qu'une grande majorité de SS n'étaient pas des monstres au départ. Ils nous plonge dans l'intimité et les pensées de ses hommes. On en perçoit donc toute les ambigüités, les contradictions et les violences.
Les dialogues entre les personnage sont brillants tout autant qu'angoissants car ils donnent vraiment à entendre ce que devaient être les discutions de l'époque. De plus on voit bien que tout n’adhéraient pas complétement au fonctionnement des camps de concentration et émettaient des réserves.
En usant de la caricature et de situation cocasse l'auteur dévoile le mécanisme de l'horreur et de la violence avec d'autant plus de lucidité et de justesse. La Shoah est explorer avec des mots et des éclairages nouveaux tout à fait pertinents.
Et ce roman nous pose la terrible question de notre place vis à vis de cette histoire, de nos choix aussi. Pour Martin Amis ce moment de l'histoire est "un élément fondateur de toute singularité."
Je me suis réellement pris une gifle en lisant ce roman duquel je ne suis pas sorti indemne. Et, chose rare, je sais que je le relirais très prochainement tant il est riche et a encore à m'apporter !
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Créée
le 1 janv. 2016
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