Le prix littéraire du Monde et le Médicis étaient pour le moins engageant mais je dois dire que dans l'ensemble j'ai trouvé le livre pénible car ancré dans une polémique tacite quasi permanente et par ailleurs teinté de répétitions et de redites fatiguantes.
L'auteur, qui se présente lui même comme un historien sociologue m'a paru souvent se contredire, notamment en consacrant un chapitre entier à la définition d'un fait divers, en disant que c'est l'opium des peuples, mais consacre un livre entier à un fait divers. Ensuite son livre devient trop souvent une vraie tribune politique, pour ne pas dire un pamphlet anti-sarkozyste. L'auteur dénonce le fait que l'ancien président a fait une véritable récupération politique, mais j'ai beaucoup de mal à voir en quoi sa tribune n'est pas non plus en quelque sorte une manipulation politique. Pourtant à posteriori, les propos de Nicolas Sarkozy ne me semblent pas choquants, quand il disait que garder un gars comme l'assassin en liberté était une faute. Alors que refaire l'histoire après toutes ces années et venir critiquer ces propos, ce comportement, je ne vois pas ce que ça apporte, ça m'a beaucoup déplu, dérangé, j'ai trouvé ça déplacé.
Ensuite, le livre est beaucoup trop long. Certes, on est heureux de pouvoir en savoir plus sur les tenants et les aboutissants de ce drame, en savoir plus sur cette pauvre Laetitia qui a subi une mort atroce. On est navrés de lire qu'hélas, la pauvre a connu bien des déboires, tout au long de sa vie, depuis son enfance. Bon, on aurait pu en rester là. Mais pour des raisons que j'ignore, l'auteur s'emmèle les pinceaux, et nous refait la chronologie des évènements, non pas une, deux ou trois fois, mais pas loin de dix. Ca confine au voyeurisme à la fin. L'auteur veut tellement nous montrer qu'il a passé un temps astronomique sur cette affaire qu'il nous livre ici une autopsie chirurgicale du meurtre, et se permet en plus des hypothèses sur le possible viol de Laetitia, comme s'il n'y avait pas assez d'horreur dans cette sombre histoire.
Par ailleurs, je n'ai pas non plus accroché sur le style. L'auteur digresse beaucoup trop souvent, parfois sur des critiques sociétales, parfois sur une étude historique du crime en France, parfois sur l'emprise de l'homme sur la femme, autant de débats, qui encore une fois, m'ont paru déplacés dans ce contexte et qui m'ont mis mal à l'aise, surtout quand il s'essayait à une prose métaphorique qui m'a toujours paru pour le moins maladroite.
Bref, un peu comme dans le livre En finir avec Eddy Bellegueule, je me suis senti mal pendant toute la lecture de ce livre. Je m'étais lancé dedans par devoir de mémoire mais vraiment, l'historien en fait trop, beaucoup trop, et nous amène à l'écoeurement.