Ici un chapitre sur la représentation du nazisme au cinéma, ou l'on compare joyeusement Ilsa la louve des SS à Spielberg en passant par Pasolini ; suivi d'un chapitre sur les conséquences sociales du passage de Sarkozy au ministère de l'intérieur sur le quotidien des putes bulgares.
Bordel mais c'est quoi ce livre ?
C'est en fait le témoignage, sous la forme de chroniques, d'un caissier du dernier cinéma de quartier de Paris, Le Brady.
Un endroit anachronique où sont encore projeté des doubles programmes comme L'île de l'enfer cannibale suivi de Le viol du vampire, alors qu' Harry Potter rempli les Gaumonts et autres UGC.
Un cinéma dont le public se compose essentiellement de clochards à la recherche d'un coin chaud pour dormir, d'homosexuels à la recherche de compagnie, d'alcooliques venus cuver leur vin et parfois des trois en même temps.
Entre deux anecdotes sur les séries Z improbables projetées souvent dans des conditions déplorables (bobine manquante, image décolorée, doublage désynchronisé...), l'auteur nous dresse les portraits bruts et touchants de ces exclus, les hissant au rang de véritables personnages par leurs aventures improbables. Un « peuple des abîmes » qu'il va côtoyer pendant son séjour au Brady, et dont certains deviendront des amis.
Je n'ai pas compris tout de suite le concept de « biographie d'un lieu » vendu sur la quatrième de couverture, maintenant je ne vois pas comment présenter cet ouvrage d'une autre manière.
C'est toute l'ambiance du lieu qui ressort a travers ces histoires à la limite de la science-fiction, ces bavardages de comptoirs, ce quotidien qui n'a l'air de rien, mais qui recèle d'anecdotes prenant la valeur de véritables trésors.
Non le style n'est pas extraordinaire, oui ça part dans tellement de directions que ça finit par ne plus ressembler à grand-chose, mais ce bordel apporte également une vraie richesse, un coté sans concessions très agréable. Ajoutez à cela une nostalgie très communicative, et vous vous retrouvez avec un livre drôlement attachant.
Et rendre attachant un bouquin qui parle autant de pisse, de cannibales italiens, de sperme et de nazis, c'était pas gagné d'avance.
Max le biffin sort fumer une cigarette entre deux films et indique en
ricanant :
- Y a un type qu'est en train de sucer toute la salle. Gérard affligé se dirige vers les escaliers :
- Bon je vais me faire sucer et je reviens. Il allait remettre un peu d'ordre. Il y avait des limites.