Comme d'ordinaire, la plume française se perd dans des descriptions sans fond de chaque élément commun qui compose sa narration. Au-delà des intrigues secondaires et classiques de la vieille France, les complots de classe, la propulsion d'un individu à un poste précis suite à un arrangement entre familles nobles, ce roman traite d'un thème en voie de disparition dans notre monde moderne, la loyauté à soi-même, son foyer et ses idées.
A l'intérieur de cette critique, je désire me focaliser sur le personnage de Chesnel, vieux serviteur loyal à sa famille aristocratique, les Esgrignons. Cette fidélité à toute épreuve est souvent incomprise aux yeux des Occidentaux, surtout modernes, elle semble aller contre le bon-sens lorsqu'elle est respectée même dans un contexte où son clan peut s'avérer immoral. Cependant, ce qui n'est pas inclus dans cette perception, c'est la nature éternelle que représentent les Esgrignons pour notre vieux serviteur. De la même manière que la tradition guerrière japonaise, le serviteur est ici pour s'inscrire dans une tradition pavée de bienfaits comme de tragédies. A l'image d'un chrétien, Chesnel porte la croix de sa famille aristocratique puisqu'elle est son mythe, son sens, son éternité, son essence, son individualité n'existe pas sans ses racines.
Malgré l'incompréhension fréquente de nos contemporains concernant ce dévouement considéré comme aveugle, la noblesse engendrée par ce type de lien est souvent admirée car désormais inexistant. Inexistant, c'est l'idée que j'esquisserais dans le cas où je ne pourrais réaliser une critique sur cet archétype puisque dévorée par une nostalgie obscurcissante. De mon point de vue, la tradition et la loyauté du sang a souvent trompé divers hommes et les a amenés dans l'action noble dans un but vil. Aujourd'hui, il existe de nombreux individus s'abandonnant corps et âme dans des combats dépassant leur simple confort individuel, leur Etat, ethnie ou culture. Animés par des idées qu'ils considèrent sacrées, ils s'extirpent du champ des idées afin d'incarner celles-ci et prennent la décision de porter la responsabilité d'être humain. Cessez d'élever au plus haut sommet une noblesse passée, elle se trouve aujourd'hui sous vos yeux, sous d'autres formes, sur le même chemin, combattre le Mal.