Outre le style beaucoup trop pompeux et l'histoire invraisemblable, ce qui m'a le plus dérangé dans ce livre c'est l'éloge d'une société hiérarchisée et injuste. Le baron de Sigognac est le dernier descendant d'une ancienne famille au passé glorieux. Au fil du temps cette famille s'est appauvri, jusqu'à ce pauvre baron vivant dans une extrême misère. Selon l'auteur cette situation n'aurait jamais dû arriver, la noblesse de sang devrait rester la classe dirigeante, et le sort de notre baron n'en est que plus triste. Alors que la seule vraie raison qui fait que son sort est injuste c'est parce qu'il est doué de grande qualité d'âme et d'esprit. Par un soir pluvieux une troupe de comédien trouve refuge chez notre baron. De par leur condition eux aussi sont assez pauvres, mais c'est des fils de bouseux, du coup on s'en branle. Pourtant ils n'en sont pas moins vertueux, mais les comédiens sont pauvres, c'est dans l'ordre des choses. Sauf le personnage d'Isabelle qui est issu de l'union contre nature d'une comédienne et d'un Grand du royaume. Par conséquent sa place n'est pas dans une troupe de théâtre à distraire les croquants mais dans un château à rien foutre de la journée.
Mais c'est bien sûr! Sigognac et Isabelle sont issu de la noblesse, c'est pour ça qu'ils se sont plu immédiatement. C'est dommage, ça commençais bien. J'ai même adoré les premières pages de descriptions, quoique extrêmement longues. Et l'histoire de ce baron qui s'engage dans une troupe de comédien pour les beaux yeux d'une femme c'est un peu surfait mais pourquoi pas. Jusqu'à ce qu'on apprenne la véritable origine d'Isabelle j'ai cru à l'histoire d'amour entre une roturière et homme de bonne famille sans le sou. Que d'espoir déçu!
La deuxième chose qui m'énerve chez Théophile Gautier et que j'avais déjà pu constater dans d'autres de ses œuvres (Le Roman de la Momie) c'est la constante exagération de ses personnages. Qui avons nous ici? Le baron de Sigognac déjà présenté, homme aux mœurs irréprochables et plus fine lame du royaume (alors qu'il n'est jamais sorti de son trou). Isabelle, tout aussi vertueuse (comme il vont bien ensemble!), et la plus belle femme qu'on ai jamais vu, beaucoup plus bonne que la plus bonne de tes copines. Nous avons ensuite le duc de Vallombreuse, le plus gros enfoiré de ce monde de brut. Et le plus drôle, Matamore, homme d'une maigreur extrême et qui ne cesse de maigrir pendant l'histoire. Bref, on n'y crois pas une seule seconde.
Isabelle fini par retrouver son père, et donc son rang. Comme si la situation sociale d'une personne dépendait de son extraction. Bien joué Théophile! Un bel éloge de la société étriquée de l'ancien régime.
Ajoutez à ça une fin guimauve au possible et vous obtiendrez obtient un roman bien indigeste. Il faut avoir l'estomac solide ou ne rien piger à ce qu'on lit pour supporter ça.