Ce livre, il commence vraiment vraiment mal. Dans la version que j'avais (celle avec une couverture différente de la fiche SC), ça commence par une préface écrite par je sais pas trop qui. Cette préface est un condensé de masturbation intellectuelle assez hallucinant. En gros, Clouscard est le meilleur, tous les autres sont des gros connards qui n'ont rien compris à la société/sociologie et que de toute façon, il a été victime d'un complot pour être amené au silence. Voilà, le monde est injuste et si on a essayé de le faire taire, c'est forcément parce qu'il avait raison. D'habitude je suis pas trop sensible à ça mais là, le truc est tellement exagéré que ça ne met pas forcément très à l'aise pour débuter le bouquin.

Je vais déjà parler de la forme du livre, ou plutôt de l'écriture. Clouscard c'est un badass, un marginal un vrai. Le genre de gars qui remplace les virgules par des points. Mais genre, tout le temps. Et c'est juste trop casse-couille à lire. Ah et il adore les tirets, il les aime tellement qu'il n'hésite pas à en foutre partout en plein milieu des phrases. Je sais pas trop, ça doit être une manière de montrer qu'il en a rien à foutre du lecteur, ou alors une sorte d'épreuve initiatique : si t’arrive à lire ça, tu fais parti des vrais bonhommes.

Plus sérieusement, j'ai trouvé l'analyse de Clouscard assez limitée, et d'ailleurs avec 30 ans de recul, on peut voir toute la limite de ce qu'il dit. Genre son idée selon laquelle les flippers c'est le totem du capitalisme, ça montre bien à quel point il s'est gourré vu que plus personne actuellement ne joue à ça. Son idée globale c'est qu'on utilisait la technologie et le savoir technique pour distraire les nouveaux mondains plutôt que pour aider les travailleurs et rendre leur tache plus supportable. Sauf que non. Désolé mais ça marche pas son truc. La technologie a été mise au service du travail et n'a pas tellement été utilisée pour le loisir, pas autant que ce qu'il pense le démontrer en tout cas.

Puis sa manière de dire qu'on vit dans une société de divertissement immorale et qu'on s'en fout de ceux qui travaillent tant qu'on a du loisir, c'est con. Dans les faits, c'est vrai, mais il présente ça comme si c'était une caractéristique exclusive au capitalisme alors que durant l'antiquité et globalement à toutes les périodes de l'histoire les gens avaient des loisirs oisifs et s'en foutaient de la souffrance des classes inférieurs.

Puis v'là les généralités de fou qu'il peut faire. Un exemple simple : après la libération sexuelle (qui n'en est pas vraiment une mais passons), les filles qui se permettaient de coucher avec pleins de gars n'étaient que des prostituées. En échange de sexe, elles pouvaient avoir des sorties au resto etc. Voilà le genre de débilité qu'on peut trouver. Sa réflexion sur le féminisme qui en réalité vient soutenir la domination masculine n'est pas dénuée d'intérêt mais elle est fausse car incomplète. Et c'est quasiment tout le temps comme ça.

Est-ce que je conseille ce livre ? Non. Il y a trop de choses à lire et à apprendre pour perdre son temps sur une analyse dépassée et grandement erronée. Allez lire Bourdieu tiens, même si le mec de la préface a dit qu'il était nul à chier.
Naoki38
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le 9 avr. 2014

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