C'est l'histoire d'un homme qui, à la suite d'un accident d’ascenseur
qui emportera sa fille mais le laissera en vie, repense toute sa vie.
Vous pouvez rayer et écrire à la place :
c'est l'histoire d'un auteur fasciné par les ascenseurs et les
promenades de chien.
Car tout ce que je reproche au livre est imputable à l'auteur, sans hésitation. Comme beaucoup de ses contemporains, M. Dubois prend la partie de l'absence d'histoire ou plus exactement, du bannissement de l'action. Sneijder passe donc l'intégralité du roman à ne rien faire si ce n'est vivoter. C'est à dire qu'à 60 ans, quand on dépend financièrement de sa femme et qu'il ne nous reste plus de famille, un nouveau départ n'est pas envisageable. Ce n'est pas explicitement écrit dans le livre, le personnage ne se dit pas "je voudrais partir mais je ne peux pas", c'est une chose qui se devine rapidement quand, alors qu'il est traité comme de la merde par ses pairs, il se renferme dans ses articles et ses chiens à la recherche d'une réponse miraculeuse à tous les problèmes de la vie. Toutes ses pensées vont donc vers ces deux activités, quand il ne pense pas à sa femme qui le trompe (chose qui l'emplie de bien trop de rancoeur pour qu'on croit à son indifférence mais comme il ne fait rien pour la reconquérir, la quitter et que la narration est à la première personne, c'est juste une information inutile posée sur la table)
Bref, c'est un homme qui fait le bilan de sa vie et conclue que c'est foutu, tout est derrière lui. A cette révélation il ne se passe rien et moi, lectrice entraînée par un style intéressant, je continue à tourner les pages jusqu'à ce qu'un sursaut bouscule cette révélation. Sauf que, rien ne se passe, si ce n'est les 20 dernières pages où on croit une seconde que le personnage va se rebeller jusqu'à ce que ... rien. Fausse alerte.
De ce fait, c'est une lecture agréable, presque ludique. J'ai appris des choses sur ces machines que ma mémoire défaillante va sûrement retenir jusqu'à ma mort, de même qu'une description plus que malsaine sur la manière dont les chiens font cacas. C'est tout. Le reste du livre est à oublier tant il est creux. J'ai, comme trop souvent, l'impression que l'auteur voulait étaler sa culture et partager ce qu'il aime dans un exercice de style académique, au lieu de nous raconter une histoire. Sneidjer et Marie ne sont que des prétextes pour décrire des jardins japonais et des philosophies de comptoir sur l'humanité à la fois vaseuses et passablement stupides. "les chiens c'est mieux que les hommes parce qu'ils sont libres de leurs ambitions et des codes sociaux", par exemple, idée digne d'un adolescent ou d'un auteur asociale, c'est à dire ce qu'il faut de naïf et d'aigri à la fois pour que, sans être complètement fausse, l'idée soit si usée qu'elle en paraît parfaitement insipide.