Pour ceux qui ne le sauraient pas encore mon mois de juillet est Viking,
c'est important de le marteler si je veux tenir jusqu'au 31,
les Vikings voyez-vous ont cette fâcheuse tendance à disparaître,
tant que cela paraîtrait presque naturel.
Ce roman, par Odin, tombe tout à fait à pique,
un soldat d'origine suédoise qui déserte l'armée, allemande je crois,
pour remonter par la Pologne jusqu'en Scandinavie, remonter le cours du temps en quelque sorte,
l'histoire occidentale libérale capitaliste commence à l'est et part à l'ouest pour s'y coucher bientôt,
il est tentant d'aller à contre-courant.
Je découvre tout juste cette fameuse affaire Benalla,
coupé de votre monde que j'étais depuis quelques jours, sur mon nuage à Midgard,
à la poursuite du Bifrost et du royaume des dieux,
je découvre cette affaire probablement déjà rendue inintéressante par le battage médiatique,
mais sur laquelle pourtant un article m'a forcé à méditer,
https://reporterre.net/Monsieur-Macron-terrifiant-chef-de-meute
Il m'a tiré du royaume plat de la vieille Scandinavie, vers l'ouest et la planète ronde de notre très-haut-Moyen Âge au-delà de la renaissance,
de notre côté j'entends, côté Époque Moderne,
et sur la route du retour au passage j'ai lu ce roman qui semblait faire le lien
(je ne l'ai pas encore fini, mais le mois ne l'est pas non plus,
de mon côté j'en écris moi-même un sur le même thème, je compte finir les deux en même temps, le 31).
Leo Perutz a une jolie plume, drôle qui plus est, j'ai déjà ri plusieurs fois... je vous délivre cela dit un passage qui m'a sensiblement frappé en ce qu'il semblait raconter mon retour sur terre :
Tandis qu'il marchait sur le vivier gelé, en direction de la maison, le voleur ne pouvait s'empêcher de repenser au noble seigneur qui gardait à son service de si piètres valets et les laisser gâter ses terres… « pourquoi ce messire von Kreshwitz ne met-il pas son nez dehors, se disait-il. Il lui suffirait de traverser une fois ses champs pour comprendre ce qui s'y passe. Il est aveugle, ma parole ! À moins qu'il ne soit malade et contraint de garder la chambre. L'hydropisie peut-être, ou l'hémoptysie qui l'oblige à avaler force d'huile d'olive, électuaires et sirop d'absinthe ? Pourquoi ne va-t-il jamais dans ses champs ? Peut-être est-ce un rêveur, un bâtisseur de chimères, jaloux de sa solitude et qui élucubre en toute saison pour savoir de quoi se compose la lune et s'il entre au paradis plus d'hommes que de femmes. Il se pourrait aussi qu'il fut absent de son domaine. Je parierais avec moi-même, ma poche droite contre ma poche gauche, qu'il ne vit pas sur ses terres ! Il se tient en ville où il partage son temps entre le fleuret, la danse, la table de jeu et la musique de nuit dont il honore les dames. Ses gens prennent leurs aises, lui ne vient que pour toucher l'argent. Tel est messire von Kreshwitz. Dès qu'il a réuni cent thalers il repart à la ville et ne revient qu'une fois l'argent dilapidé et les dettes amoncelées. Oui, tel est messire von Kreshwitz. A-t-il des dettes qu'il échafaude un plan pour s'enrichir en une nuit. Je saurais lui être de bon conseil… Sa terre est bonne : pour trois charrues de sol fertile, à peine une de sol ingrat. S'il veillait à le faire fumer et semer comme il convient – ce champ, par exemple, demande du blé d'hiver, celui-ci de l'avoine blanche hâtive, et l'on doit réserver le froment aux terrains les plus dures – oui, s'il faisait semer raisonnablement, herser et désherber comme il faut, il verrait bientôt les céréales pousser dru, tige contre tige. Il faudrait aussi, bien sûr, qu'il discipline un peu ses valets, surveille étroitement le teneur de livres, envoie au diable son intendant pour prendre lui-même les choses en main – voilà ce qu'il devrait faire au lieu de courir la ville avec les laquais en livrée et des chanteurs de sérénade...
Alors il cherche et cherche et finit par le voir en face le grand seigneur qui semble ne rien comprendre, dont même aucune explication véritable ne semble expliquer le gouvernement désastreux, si ce n'est peut-être la pression qu'il se laisse mettre sur ses belles et séduisantes épaules d'enfant capricieux :
Dans la pièce était une enfant, une toute jeune fille d'à peine dix-sept ans, frêle, délicate et belle comme un ange du ciel : telle était Sa Seigneurie, voilà qui gouvernait le domaine de Kleinroop ! Le voleur vit aussitôt qu'elle avait les larmes aux yeux. Face à elle, accoudé à la cheminée, se tenait l'homme à la barbiche, le gentilhomme usurier, ce baron von Saltza de Düstersloh-Pencke, à qui l'intendant avait vendu le lévrier et le cheval de sa jeune maîtresse.
Macron, tragique petit enfant qui fut habitué à être gâté dans sa tour d'ivoire, coupé du monde si ce n'est de la force qui y règne le plus fortement, celle de la Main Invisible, qui flétrit les terres et le peuple, qui le flétrit lui-même sans qu'il s'en rende compte,
déjà il a les yeux qui se creusent.