Le britannique RJ Ellory signe un beau roman noir aux allures de tragédie grecque transposée dans le West Texas du milieu du XXème siècle.
Toujours aussi à l'aise pour décrire l'atmosphère du continent nord-américain, le romancier anglais nous plonge dans un bled local aux autorités corrompues, qui verra s'affronter deux frères au sein d'un triangle amoureux.
Organisé sur deux temporalités distinctes (à l'aide de ce procédé un peu éculé consistant à alterner un chapitre sur deux), "Le chant de l'assassin" narre aussi l'enquête vingt ans plus tard d'un jeune ex-détenu ayant connu l'un des deux frères en prison, lequel lui a demandé de remettre une lettre à sa fille, sans avoir la moindre idée d'où elle se trouve.
La première moitié du roman s'avère très réussie, intrigante et immersive grâce à des personnages complexes, mais Ellory finit par céder à son pêché mignon de la redite, au point qu'on ressent un certain ventre mou dans le troisième quart du roman, au cours duquel l'histoire assez prévisible évolue peu. Le dernier acte sera plus palpitant à suivre, même s'il ne faudra pas s'attendre à de grosses surprises narratives.
Comme à son habitude, Ellory mise davantage sur un roman noir imprégné de réflexions métaphysiques (ici en mode western et country music) que sur un pageturner aux rebondissements ébouriffants. Une méthode et un style qui lui conviennent bien, l'écrivain-musicien signant ici l'un de ses meilleurs livres.