Le chant des cavalières est une belle histoire, enrobée dans une superbe écriture qui donne l’impression d’être plongées dans un conte de 400 pages.
Nous sommes dans une société matriarcale médiévale dont la trame est inspirée de la légende Arturienne, et où donc la très grande majorité des personnages sont des femmes.
Alors c’est de la Fantasy pure et dure, les châteaux, les dragons, les costumes, la magie, les légendes, les ordres de chevalières, les prénoms typiques … Ce que j’ai bien aimé c’est qu’il n’y a pas d’explication au fait qu’il n’y aie quasiment que des femmes, c’est juste comme ça, on dirait que l’autrice a pris les représentations type d’un roman de fantasy classique (donc souvent sexiste et patriarcale) et a juste tout retourné. Les personnages forts, combattants et courageux sont des femmes, les héroïnes de l’histoire, qu’on suit tout du long et à qui on a envie de s’identifier. Tandis que les personnages masculins ont des traits clichés que l’on assigne généralement aux femmes dans ce genre d’histoire, le prince coquet, vaillant seulement aux côté de la Matriarche avec qui il couche, qui n’a pas vraiment le sens des responsabilités, le sorcier séducteur avec une aura qui envoûte tout le monde, beau et manipulateur, des courtisans et non des courtisanes, etc.
C’est subtil et très bien fait car ce n’est pas tomber dans le cliché, tout n’est pas simplement « inversé », les femmes sont mises à l’honneur. Je n’aime généralement pas les histoires d’inversions, mettre juste des « elles » à la place des « ils » sans rien changer d’autres, je trouve ça absurde et que ça sonne faux, car je suis persuadée qu’un matriarcat ne serait pas comme un patriarcat, en terme d’oppressions exercées et d’énergies.
Je m’attendais à ce qu’il y ai plus de relations lesbiennes, on en voit surtout une principale et d’autres qu’on espère mais qui n’aboutisse pas. Aussi, en voulant lire des critiques du livre juste après l’avoir fini, je tombe sur une interview de l’autrice où elle prétend qu’un de ses personnage principal est une femme Trans, et grosse. Jusque là c’est bien, les représentations c’est important, même indispensable, nous sommes d’accord, mais c’est bien aussi quand ce n’est pas seulement dans la tête de l’auteure et qu’elle le fait transparaître dans ses descriptions … parce que moi à aucun moment du livre je n’ai vu d’indices sur le fait que cette personne soit cis ou pas ! Je trouve ça d’autant mieux lorsqu’un personnage ne tourne pas que autour de sa transidentité mais qu’il est simplement comme tous les autres personnages, avec pleins d’autres traits, seulement si tu veux faire des représentations c’est bien de les reconnaître … Et pourtant moi je les cherche les personnages queers dans les histoires, normalement un personnage trans je le remarque tout de suite car pour moi ça donne beaucoup de valeur aux fictions (comme j’ai dit, important, même indispensable, surtout aujourd’hui). Je trouve ça un peu facile et ça me fait douloureusement penser à « Dumbledore est gay». Pareil pour le fait d’être grosse, à aucun moment ce personnage n’est décrit vraiment comme ça, a part qu’elle a « une forte carrure », ça veut pas dire grand-chose. Les représentations ça sert surtout aux personnes concernées qui font parties de « minorités » (j’aime pas ce mot mais faute de mieux…) de genre, de race, d’orientation sexuelle etc, de se reconnaître, de voir qu’on peut exister dans les fictions, qu’on peut exister tout court et être pourquoi pas des cavalières qui chevauchent des dragonnes ! Mais pour ça il faut se reconnaître et avoir un minimum d’indices … Donc j’ai trouvé ça un peu facile, et m’a donné un goût amer d’une auteure qui veut faire bonne figure et montrer qu’elle est inclusive dans la promo de son livre mais qui n’y met pas trop le coeur à l’ouvrage dans l’écriture de son histoire.
Hors mis cela, j’ai été impressionnée par le fait d’écrire une si longue et périlleuse histoire en un livre, c’est le genre qui pourrait finir en saga de 7 tomes ! Et encore une fois, l’écriture est vraiment enrobante et berçante, les descriptions sont belles et on plonge facilement dans cet univers fantastique, je croyais pas que ça me plairait les histoires médiévales de pure fantasy mais ça m'a finalement bien plu.