Le 10e tome du Trône de fer, c’est l’exacte expression des limites outrageusement dépassées. C’est la mise en mots des erreurs. C’est l’exagération. C’est l’abus de faiblesse. L’abus des tares de la série qui, ici, rejaillissent à la figure des lecteurs que nous sommes de manière incorrecte, irrespectueuse.
Le Trône de fer, c’est une aventure sanglante, sale et crasseuse, dangereuse, pleine de suspens et de rebondissements, de héros qu’on aime et de vilains qu’on adore détester, jusqu’à ce qu’on ne sache plus vraiment si on les plaint ou si on souhaite leur victoire. En général, à un moment, quand on commence à vraiment s’attacher à eux, l’auteur les tue. Juste pour nous apprendre. C’est le jeu, on l’accepte, on frémit et on jubile en même temps.
Chaque tome de l'intégrale représente un cycle nouveau, qui démarre, se développe progressivement pour s’achever, de manière grandiose et/ou (bien souvent, c’est compatible) dans des mares de sang sans fin.
Le chaos constitue le démarrage d’un nouveau cycle. Le précédent a fini comme on sait, par la mort brutale (dans cette série, c’est plus ou moins un pléonasme) d’une tripotée de grands et de petits personnages, de gentils et de méchants, pour certains qu’on voulait voir souffrir, pour d’autres qu’on aurait aimé voir vaincre.
Et là, c’est le drame. Les chapitres, longs, s’enchaînent poussivement, insérant des personnages sans noms pour présenter des situations dont on se fout aussi royalement que l’occupant du Trône de fer est désormais ridicule, dans une aire perdue, dont on sent bien qu’elle revêtira, à un moment ou un autre, une importance significative. Mais non, ça ne veut pas.
Encore qu’il ne se passe rien dans tout le livre, on peut aussi s’offusquer que les personnages qu’on chérit et qui sont toujours en vie soient absents de tout l’ouvrage. Disparus. Volatilisés.
Et pour couronner le tout, on se coltine des pages et des pages de remplissage, de descriptions débiles de plats, de paysages, de décors d’armures et d’armoiries, de géographie et de rouflaquettes. C’en est épuisant. C’était amusant au début, ça mettait dans l’ambiance. Puis c’est devenu un automatisme. Dans Le chaos, ce sont des pages et des pages destinées à combler l’absence d'intérêt que porte l’auteur même à son sujet.
Le prochain a intérêt à redonner aux événements un peu de saveur...
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